Cette année, le séminaire de l’équipe est consacré aux écrits d’artistes. Les programmes d’enseignement artistique et les manifestes et articles militants dans la presse, les correspondances institutionnelles et privées, les carnets, agendas et annotations sur les œuvres, les mémoires et les traités théoriques, mais au-dessus tout, tant de fragments de toute sorte… Les sources écrites issues de la main des artistes dont les chercheurs disposent pour approcher l’œuvre dans les arts plastiques dans sa globalité sont multiples et présentent des typologies très différentes, chacune reflétant à sa manière nombreuses facettes de la pensée de l’artiste. Savoir distinguer, parmi ces textes, ceux que l’artiste écrit pour soi, de ceux qui sont pensés pour les collègues et amis les plus proches avec qui il partage sa sensibilité, ou encore de ceux où il s’adresse à ses disciples, aux critiques plus ou moins avertis et aux collectionneurs, et enfin, où il parle au plus large public ou aux futures générations, est certes un tout premier objectif. Cela définit en effet le contexte de vie de ces écrits, contexte historique large pour certains, ou bien plus spécifiquement, le cadre de la politique artistique ou de l’enseignement pour d’autres, ou encore, le cadre plus intime et secret du processus de la création. C’est ce dernier qui nous intéresse le plus ici, puisque c’est là que le lien entre l’écriture et l’œuvre plastique entre en résonance de manière la plus étroite.

Alors que les autres typologies d’écriture artistique gardent une distance à l’œuvre, ici, on a affaire à une écriture qui non seulement accompagne la création, mais constitue une partie à part entière du processus créatif. Là aussi, les cas de figure sont divers, car aux côtés des écritures qui reviennent avec leurs analyses sur une œuvre achevée, en proposant une réflexion a posteriori, il y a celles qui se positionnent aux différentes phases de son accomplissement, et les distinguer n’est pas toujours une chose aisée, comme il est manifeste dans les dessins annotés qui peuvent être préparatoires ou analytiques. La relation complexe entre l’écrit et le visuel n’est ainsi qu’une manifestation de celle, primordiale, entre l’intuition et la rationalité, deux aspects opposés mais organiquement liés du tout processus créatif.

 

Les séances du séminaire seront organisées autour d’une analyse comparée des sources écrites et visuelles proposées par les membres du séminaire. En les plongeant dans les différentes lignées des traditions artistiques afin de donner à la lecture des écrits plus récents une épaisseur historique, on cherchera pour chaque texte ses correspondances dans les siècles précédents.

 

La dernière séance du séminaire sera organisée en collaboration avec l’équipe « Manuscrits scientifiques » de l’ITEM. On y fera une analyse croisée de quelques formes élémentaires, comme par exemple le point et la ligne, par les historiens de l’art, les philologues et les scientifiques, afin de comparer les regards et les méthodes.

 

Le séminaire est pensé en support aux étudiant.e.s en doctorat (ou master).

Responsables : Nadia Podzemskaia et Stefania Tullio Cataldo