Séminaire :
Séminaire « Décrire la création » / 2024-202515/05/2025, ENS, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris – Salle Lettres 3 (16h-18h)
Écrire la sensibilité : l’expérience créative de Mikhaïl Matiouchine (1861-1934)
entre art et science
Dans le cadre de l’histoire culturelle, notre intervention sera centrée sur l’analyse de quelques textes de Mikhaïl Matiouchine (1861-1934), un artiste actif au sein des avant-gardes russes et soviétiques à Saint-Pétersbourg entre les années 1910 et les années 1920. Dès les années 1910, Mikhaïl Matiouchine dévoue en effet son attention à des recherches d’ordre scientifique sur la physiologie de la vision et à des modes de perception novateurs visant au renforcement de la vue et des autres sens, des recherches qu’il approfondira dans le cadre des ateliers soviétiques du département de la Culture organique du musée de la Culture artistique (MKhK) et ensuite du GINKhOuK entre 1923 et 1926. Ces expériences qui convoquent la rigueur de la science accompagnent une conception toute symboliste de l’artiste qui, disposant de sens aiguisés, est amené à guider l’humanité vers l’expansion de la conscience.
Le corpus d’écrits de Matiouchine comprend des textes hétérogènes qui pour la plupart n’ont pas été publiés de son vivant. Nous proposons une analyse comparative des écrits théoriques « Le nouveau réalisme spatial : l’artiste qui expérimente la quatrième dimension » et « La science dans l’art » avec des notes dactylographiées et quelques extraits de l’autobiographie de Matiouchine afin de mettre l’accent sur l’articulation entre intuition et rationalité, créativité et rigueur scientifique qui se déploient dans le corpus des textes écrits par le peintre. Tout en faisant référence aux œuvres visuelles de Matiouchine, nous souhaitons faire émerger l’évolution de la réflexion de l’artiste au fil des années ainsi que les modalités à travers lesquelles langage artistique et langage scientifique s’entremêlent et se relaient sans cesse dans ses écrits. Il sera également intéressant de montrer comment la réflexion de Matiouchine évoque d’autres expériences artistiques contemporaines de son parcours, notamment au sein des ateliers artistiques soviétiques des années 1920.
Anna Sandano est docteure en histoire de l’art de l’Institut national des langues et civilisations orientales de Paris (INALCO) dans le cadre d’une cotutelle à Sorbonne Université (Paris IV). Sa thèse, soutenue en 2023, envisageait de mettre en relief l’intérêt que les artistes et les théoriciens de l’avant-garde russe des années 1910 portent au lien entre le mouvement en tant que force cosmique qui régit le monde et le mouvement en tant que catégorie de la sensibilité. Afin de donner un aperçu de cette relation, la thèse prenait en compte une étude de cas, à savoir l’œuvre et la réflexion théorique de l’artiste Mikhaïl Matiouchine.
Depuis 2021, Anna Sandano est chargée de cours à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne École des Arts de la Sorbonne. Elle poursuit actuellement ses recherches dans les champs des études sensorielles et de l’histoire culturelle.