20/05/2015
En anglais, le terme ‘manuscrit’ est communément utilisé pour désigner deux types de réalités : scripturale et matérielle. Car les manuscrits sont à la fois des inscriptions écrites (des textes) et leurs supports (des objets) ; et lorsque nous parlons d’eux, nous nous référons à ces deux dimensions : le manuscrit littéraire et le manuscrit matériel. Les éditeurs scientifiques négligent parfois la relation qui les unit, mais ce n’est certainement pas le cas de l’écrivain en train de composer ou de transcrire. Les mots sur la page n’offrent à eux seuls qu’un aperçu incomplet du processus de la création ; en tant que support physique du texte écrit, les manuscrits fournissent des indices sur la manière de travailler d’un auteur. En prenant l’exemple de Jane Austen, je propose d’examiner la façon dont ses manuscrits en tant qu’objets éclairent notre compréhension de sa méthode de composition, de sa manière d’écrire.
Kathryn Sutherland est Professeur en bibliographie et critique textuelle à l’Université d’Oxford et Professorial Fellow en Anglais à St Anne’s College d’Oxford
Ses thèmes de recherche portent sur les effets privés et sociaux ainsi que les valeurs culturelles que l’on attache aux formes des documents, qu’ils soient manuscrits, imprimés ou numériques. Parmi ses publications récentes, on signalera : Jane Austen’s Textual Lives: From Aeschylus to Bollywood (2005; en format de poche 2007) ; Transferred Illusions: Digital Technology and the Forms of Print (avec Marilyn Deegan, 2009) ; une édition numérique qui rassemble les manuscrits de fiction de Jane Austen (2010), accessible librement à www.janeausten.ac.uk ; et une édition sur papier en quatre volumes de ces manuscrits à paraître en 2015 chez Oxford University Press. Elle prépare actuellement un livre sur les manuscrits littéraires des écrivains.