Ernst Jünger (1895-1998) s’est porté volontaire pour le front en 1914, à 19 ans. Bientôt promu officier, il a été blessé sept fois et a reçu de nombreuses décorations militaires. Pendant la guerre, il a tenu des carnets appelés “Kriegstagebuch / Journal de guerre” (publiés en 2010) qui ont servi de base à différents livres à caractère autobiographique. Dans Orages d’acier, il donne une vision héroïque et esthétisante de la guerre des tranchées et glorifie le soldat qui risque sa vie face aux canons ennemis. La défaite allemande est absente du texte qui se termine pourtant après l’armistice du 11 novembre en 1918. Ce livre, publié en 1920, a eu beaucoup de succès. Lors des rééditions entre 1922 et 1978, Jünger a néanmoins remanié son texte original, en procédant en particulier à des modifications sur le plan idéologique. Ma conférence retracera la genèse et les six réécritures du livre Orages d’acier (In Stahlgewittern).
En France, Orages d’acier a été traduit deux fois (1930, 1961). Le texte a paru dans la Pléiade en 2008 avec d’autres écrits de Jünger sur la guerre de 1914-1918 sous le titre général Journaux de guerre.
Le fonds Ernst Jünger se trouve au Deutsches Literaturarchiv de Marbach qui a organisé en 2010 une grande exposition autour de cet auteur.
Ruth Vogel-Klein est maître de conférences honoraire d’allemand à l’École Normale Supérieure (département LILA). Elle est spécialiste de la littérature germanophone du 20e siècle. Domaines de recherche : littérature, arts et Shoah, autobiographie, genèse des textes littéraires. Elle est membre du Centre d’études et de recherches sur l’espace germanophone (CEREG) et du groupe de recherche Genèse et autobiographie/ ITEM. Spécialiste de W.G. Sebald, elle a organisé un colloque publié en 2005 (Mémoire. Transferts. Images), et publié de nombreux articles consacrés à cet auteur. En 2010, elle a publié le volume collectif bilingue Les premières voix. Textes sur la Shoah en langue allemande 1945-1963 (Königshausen & Neumann, 2010). Elle prépare actuellement, en collaboration avec Stephan Braese : ‘Zwischen Kahlschlag und rive gauche’ , Deutsch-französische Kulturbeziehungen 1945-1960, chez Königshausen & Neumann.
Elle est également l’auteur de publications sur Max Frisch, H.G. Adler, Ruth Klüger, Ilse Aichinger etc.
Derniers articles parus :
« De Heinrich Böll à Edgar Hilsenrath. Romans de la Shoah des années 1945 -1965. Les camps et les ghettos. » in : Revue d’histoire de la Shoah, numéro 201, oct. 2014, » Littérature allemande et Shoah 1945-2014″ ; Mémorial de la Shoah, Paris 2014, pp. 133-160.
History, Emotions, Literature : The Representation of Theresienstadt in H.G. Adler’s « Theresienstadt 1941-1945, Antlitz einer Zwangsgemeinschaft » and W.G. Sebald’s « Austerlitz », in ; Witnessing, Memory, Poetics, ed. Helen Finch and Lynn L. Wolff, Camden House, NY, 2014, pp. 180-197.
« Dans l’atelier de W.G. Sebald. Écritures obliques et chronotopes parisiens » in : Revue Europe, n. spécial W G Sebald, éd. par Lucie Campos et Raphaëlle Guidée, 2013, pp. 147-156.
Max Frisch’s Montauk. In : Companion to the Works of Max Frisch, edited by Olaf Berwald, Camden House, Rochester, New York 2013, p. 172-196.
– ’Der « bürgerlich-humanistische Schweizer Schriftsteller ». Drucklegung und Inszenierungen von Max Frischs Werken in der DDR’, in : Max Frisch. Sein Werk im Kontext der europäischen Literatur seiner Zeit. éd. par Régine Battiston et Margit Unser, Königshausen & Neumann Würzburg 2012, pp. 157-176 .
– H.G. Adler : Zeugenschaft als Engagement in : Monatshefte, Special Issue « H.G. Adler : Dichter, Gelehrter, Zeuge », ed. by Klaus Berghahn, Rüdiger Görner, vol. 103, number 2, Summer 2011, University of Wisconsin Press, pp. 185-212.