Née au début des années soixante-dix à l’École normale supérieure, l’équipe Proust fait partie des équipes « historiques » de l’ITEM. Dirigée par Bernard Brun jusqu’en 2010, puis Nathalie Mauriac Dyer jusqu’en 2024, l’équipe réalise des travaux de génétique textuelle et d’édition, publie des inédits notamment dans le domaine de la correspondance, et fédère de nombreux travaux critiques.
Elle a animé à l’ENS deux séminaires mensuels (jusqu’en 2021), organise des manifestations scientifiques régulières, et publie une revue annuelle internationalement reconnue, le Bulletin d’informations proustiennes (1975- ), familièrement connu comme le BIP. Un numéro de la revue Genesis intégralement accessible en ligne, « Proust, 1913 » a fait le point en 2013, lors du centenaire de Du côté de chez Swann, sur les travaux de l’équipe et sur l’état de la recherche proustienne en général. En 2022, lors du centenaire de la mort de Proust, l’équipe a publié un numéro double spécial du Bulletin d’informations proustiennes et assuré le commissariat de l’exposition de la Bibliothèque nationale de France.
Genèse textuelle et édition de manuscrits
L’équipe s’est donné pour tâche prioritaire l’exploitation scientifique du fonds de manuscrits de Marcel Proust entré à la Bibliothèque nationale de France en 1962, complété en 1985 puis 2013. Ce fonds, exemplaire par sa complexité et par sa richesse, compte plus de cent quatre-vingts cotes (feuilles volantes, cahiers, carnets, dactylographies, placards et épreuves corrigés). Aujourd’hui numérisé grâce à la collaboration entre la Bibliothèque nationale de France et des membres de l’équipe Proust, il est intégralement accessible sur Gallica.fr.
Sous l’impulsion de Claudine Quémar puis de Bernard Brun, longtemps responsable de l’équipe, de nombreuses études fondamentales ont été réalisées au fil des ans : travaux sur le Contre Sainte-Beuve, la chronologie des cahiers, les dactylographies du premier volume, réalisation d’inventaires de contenu des soixante-quinze cahiers manuscrits de la Recherche, etc. On les trouvera en particulier dans le Bulletin d’informations proustiennes.
Le collectif de recherche met aujourd’hui l’accent sur l’édition critique et génétique des cahiers de brouillon de Contre Sainte-Beuve et d’À la recherche du temps perdu, qui n’avaient jusque là été publiés que sous forme d’extraits simplifiés. Dans la collection des « Cahiers 1 à 75 de la Bibliothèque nationale de France » (BnF-Brepols Publishers, 2008- ), chaque cahier fait l’objet d’une reproduction en fac-similé (volume I) et d’une transcription diplomatique annotée (volume II). L’enjeu est de donner à lire l’écriture en train de se faire, d’éclaircir les références et allusions culturelles de tous ordres, et de faire apparaître les liens génétiques sous-jacents avec les autres documents manuscrits, afin de mettre progressivement en évidence le considérable réseau des réécritures.
L’équipe a publié une édition numérique en libre accès, la première du genre, de L’Agenda 1906 (BnF-OpenEdition books, 2015), manuscrit acquis par la BnF en 2013.
Des inédits apparaissent régulièrement sur le marché de l’autographe ou sont retrouvés dans les archives, publiques et privées. L’équipe effectue une veille systématique de ces ventes qui sont recensées dans le BIP, et s’efforce d’y publier chaque année des inédits, notamment des lettres.
La Correspondance
L’édition de la correspondance est un domaine de recherche essentiel à la compréhension et à la connaissance de la genèse d’À la recherche du temps perdu, et à ce titre l’équipe collabore pleinement au projet de refonte et d’enrichissement au format numérique de la grande édition de Philip Kolb (Plon, 21 volumes, 1970-1993).
Piloté par Françoise Leriche, le projet CORR-PROUST réunit dans le cadre du consortium « Proust21 » l’Université Grenoble Alpes (UGA), le Kolb Proust Archive for Research de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign (UIUC) et l’ITEM-CNRS.
Le projet est actuellement soutenu par l’Agence nationale de la recherche (2021-2024) : « La Correspondance de Marcel Proust, un laboratoire de création » (CORR-PROUST 1907-1914), porté par Françoise Leriche, réunit Litt&Arts (CNRS-Univ. Grenoble-Alpes), l’ITEM et le LinX (École Polytechnique).
Critique et interprétation
L’équipe conduit et favorise des recherches sur l’œuvre de Proust dans tous les domaines de la critique. Outre des spécialistes en génétique textuelle, elle comprend des stylisticiens, des théoriciens et des historiens de la littérature, des spécialistes de l’intertextualité, des comparatistes, et s’ouvre largement à la recherche internationale. Elle organise et participe à des rencontres scientifiques régulières, en France et à l’étranger. Elle entretient un Centre de documentation spécialisé, riche en ouvrages et thèses rares ou anciennes, ouvert sur rendez-vous à tous les chercheurs et étudiants (contact: pyra.wise@ens.fr).
Groupe de travail : « Enseigner Proust »
Placé sous la responsabilité de Pauline Moret-Jankus, le groupe de travail « Enseigner Proust », fondé en 2023, fait un pas de côté dans le champ proustien, et se propose d’étudier l’œuvre de Proust d’un point de vue didactique. Outre une analyse approfondie de l’enseignement de Proust dans le système scolaire, il s’agira de discuter des modalités concrètes de cet enseignement, à l’école primaire comme dans le secondaire, et ainsi de replacer la transmission au cœur de la recherche.
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Claudine Quémar (1939-1978), Bernard Brun (1949-2020), Jo Yoshida (1950-2005), Kazuyoshi Yoshikawa, Jean Milly et Richard Bales (1946-2007) ont été d’éminents membres de la première « équipe Proust », et parmi les fondateurs des recherches en génétique proustienne.
L’équipe a aussi compté parmi ses membres Brian G. Rogers (1939-2006) et Philippe Chardin (1948-2017), qui a co-organisé le séminaire Proust entre 2006 et 2017.
Autres anciens membres et proches de l’équipe : Annick Bouillaguet, Elyane Dezon-Jones, Emily Eells, Mireille Naturel, Anthony Pugh (1931-2004) et Hidehiko Yuzawa.