01/01/2020
« Variation sur Prométhée et le satyre : la genèse du frontispice de Gravelot pour le Discours sur les sciences et les arts », Genesis n° 50, 2020, pp. 167-175
Dans les collections de la Houghton Library d’Harvard se trouve une vingtaine de dessins préparatoires d’Hubert Gravelot (1699-1773) pour l’illustration des œuvres de Rousseau. Tirés d’un portefeuille qui comptait au moins 1800 dessins aujourd’hui dispersés, ils donnent accès à l’univers créatif de cet artiste qui travailla avec les écrivains les plus importants du XVIIIe siècle. Parmi ces dessins, deux états préparatoires remaniés concernent la version qu’il donna en 1764 du frontispice du Discours sur les sciences et les art, l’œuvre à laquelle Rousseau dut la célébrité une quinzaine d’années auparavant. Ils témoignent du processus de composition d’une estampe allégorique illustrant la métaphore des Lumières en même temps que sa mise en cause par le Citoyen de Genève. Ce frontispice prend pour sujet le mythe de Prométhée, deus artifex, apportant le feu à l’homme qu’il vient de créer et avertissant de ses dangers un satyre qui s’approche. Dans une collection privée en Angleterre, deux états de la gravure en cours de réalisation que Rousseau avait précieusement gardés dans son propre portefeuille d’estampes, complètent l’histoire du façonnement de ce frontispice. L’étude de cet exemple vise à éclairer la manière dont travaillait un illustrateur au XVIIIe siècle, et l’importance qu’un écrivain comme Rousseau a très tôt accordé au seuil visuel de ses œuvres philosophiques