13/03/2007
Date : 13 mars 2007
Lieu : École Normale Supérieure, Amphi Rataud, 45, rue d’Ulm Paris 75005
Coordinatrices : Claire.Bustarret@ens.fr, Beatrice.Fraenkel@ehess.fr
h 15 Claire Bustarret et Béatrice Fraenkel : Accueil des participants
9 h 30 Monique Sicard (CRAL, EHESS) : La correspondance de Niépce comme écrit de la photographie
10 h 15 Jacques Lefort (Collège de France) : Documents d’archives et photographie, le cas du Mont Athos (1850-2000)
11 h Pause café
11 h 15 Michel Wlassikoff (Ecoles Supérieures d’Art) : La « Typophotographie » en France
12 h Étienne Bellan-Huchery (Photographe, réalisateur de documentaires) : Présentation du film « Trumac : de Paris à South Bronx »
12 h 45- 14 h Pause Déjeuner
14 h 15 Claire Bustarret (ITEM, CNRS) : Raymond Roussel, Paul Valéry, Marcel Duchamp : pourquoi photographier des manuscrits ?
15 h Jean Kempf (Université de Lyon 2) : « The rain are fallin » [sic]. Pages d’écriture, slogans, signes et panneaux dans le documentaire photographique des années 1930. Le cas des images de la Farm SecurityAdministration (Etats-Unis, 1935-1943)
15 h 45 Pause café
16 h Chloé Conant (Université de Limoges) : Les photos d’écrits de Sophie Calle : une «archéologie du présent »
16 h 45 Mathieu Pernot (Photographe, artiste) : Le grand ensemble
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Monique Sicard (Chercheur CNRS, Centre de Recherche sur les Arts et le Langage, CNRS/ EHESS) : La correspondance de Niépce comme écrit de la photographie
La correspondance familiale et professionnelle de Joseph Nicéphore Niépce constitue un accès spécifique à la connaissance des images de type photographique.
Ces documents cependant valent tant par leur contenu informatif que par leurs non-dits et leurs manques, par leur présence que par leur absence, par leur homogénéité que par la diversité de leurs statuts, par la facilité de communication qu’ils ont offerte que par les contraintes qu’ils ont imposées à l’invention. L’intervention portera plus particulièrement sur 270 lettre et documents manuscrits ayant donné lieu à une transcritption diplomatique dans le cadre du projet collectif du Centre de Recherche sur les Arts et le Langage « Archive et Recherches Niépce ».
Jacques Lefort (Byzantinologue, EPHE) : Documents d’archives et photographie, le cas du Mont Athos (1850-2000)
Les relations entre l’édition des archives médiévales conservées dans les monastères du Mont Athos et leur reproduction par la photographie permettent de reconstituer l’émergence d’un examen scientifique de ces actes, particulièrement précieux pour l’histoire de Byzance. Ces documents, le plus souvent conservés en original et relatifs à la Macédoine orientale, X-XVe s., ont donné lieu depuis 1873 à diverses publications fondées sur des photogaphies, puis illustrées de reproductions photomécaniques. On s’attachera à retracer la genèse de cette entreprise photographique et éditoriale, depuis les photos prises par l’expédition russe de Sévastianov, en 1856, en passant par la première édition diplomatique, réalisée en France à partir de 1937, issue des clichés sur verre de l’expédition Millet (1918-1920) reproduits par phototypie, et jusqu’aux plus récentes améliorations techniques.
Michel Wlassikoff (Chercheur et enseignant, Ecoles supérieures d’art) : La “Typophotographie” en France
Le terme de typophotographie est forgé par Lazlo Moholy-Nagy dans le cadre de ses recherches au sein du Bauhaus. La typophotographie signe l’alliance entre “Nouvelle vision” photographique et “Nouvelle typographie”et tente de révolutionner les formes de la représentation et le rapport entre le texte et l’image, depuis la création des caractères jusqu’à la mise en pages. Comment ce mouvement a-t-il été accueilli ou rejeté en France ? Quelle en a été la portée exacte, dans les revues Arts et métiers graphiques et Photographie, notamment ? Faut-il y voir la matrice de la photographie et du graphisme modernes ?
Cf. M. Wlassikoff, Histoire du graphisme en France, éditions Carré, Musée des Arts décoratifs, 2005.
Étienne Bellan-Huchery (Photographe, réalisateur de documentaires) : Présentation du film « Trumac : de Paris à South Bronx » (extraits)
Printemps 1999 : une dizaine de graffeurs se retrouvent à Paris pour recouvrir un gigantesque mur. Ils viennent de Toulouse et de la région parisienne. À cette occasion, ils se réunissent dans le but de réaliser une fresque : « Third Millenium ». Ensemble ils vont accomplir une chose rare dans le graffiti : donner le meilleur d’eux-mêmes au bénéfice d’une oeuvre collective.
Claire Bustarret (Codicologue, ITEM, CNRS) : Raymond Roussel, Paul Valéry, Marcel Duchamp : pourquoi photographier des manuscrits ?
Paul Valéry participa avec la Bibliothèque nationale à la présentation d’une Ebauche d’un Musée de la littérature à l’Exposition internationale des arts et techniques de Paris en 1937. Les agrandissements photographiques de reproductions de manuscrits littéraires y faisaient leur première entrée en scène dans l’espace public. Parallèlement la pratique individuelle de reproduction photographique de brouillons et de notes est attestée chez Duchamp, chez Roussel, et Valéry lui-même s’est intéressé au projet d’éditions en fac-similé de ses propres manuscrits. Les motivations d’une telle pratique sont mal connues : les clichés étaient-ils censés servir de duplicata utiles au travail de l’écrivain ou relevaient-ils d’un projet de publication ?
Jean Kempf (Professeur, Université Lyon 2) : « The rain are fallin » [sic]. Pages d’écriture, slogans, signes et panneaux dans le documentaire photographique des années 1930. Le cas des images de la Farm Security Administration (Etats-Unis, 1935-1943).
Le documentaire photographique des années 30, et singulièrement celui de la FSA, largement emblématique dans ce domaine, est saturé de traces d’écritures, le plus souvent émanant de la publicité. Au-delà de la prise en compte d’une réalité du paysage – envahi par le signe commercial – cette présence massive constitue un motif non seulement de la modernité visuelle (que l’on retrouve dans la peinture de la même époque) mais aussi le signe d’une volonté d’établir la photographie comme le nouveau langage (ou au moins le nouveau médium) du XXe siècle.
Chloé Conant (Maître de Conférences en Littérature Comparée – Université de Limoges) : Les photos d’écrits de Sophie Calle : une « archéologie du présent ».
« Archéologie du présent » : c’est ainsi que son ami Paul Auster qualifie le travail de l’artiste Sophie Calle. Elle utilise la photographie et le texte pour ses œuvres, et articule ainsi avec une grande ambiguïté reportage et fiction. Ses récits sont parsemés de photographies de courriers, de pages d’écrits intimes, de notes de travail, de papiers divers (de sa main ou non). Les fonctions de ces aperçus manuscrits sont multiples : ils peuvent être des souvenirs, des preuves, des documents…
Comment sont-ils exploités dans le cadre de cette démarche artistique qui mêle vérité et mensonge, autobiographie et indiscrétion ? Seront évoqués en particulier : (le tout publié chez Actes Sud) : Les Dormeurs, A suivre…, L’Hôtel, Gotham Handbook (ces ouvrages font également partie du coffret Doubles-Jeux), Des Histoires vraies, Fantômes (fait également partie du coffret L’Absence), Douleur exquise.
Cf. Sophie Calle. M’as-tu vue, Éd. Xavier Barral, 2003. [catalogue de l’exposition du Centre Pompidou]
Sophie Calle. M’as-tu vue. Parcours pédagogique pour les enseignants [dossier en ligne] http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-calle/ENS-calle.html
Mathieu Pernot (Photographe, artiste) : Le grand ensemble
Mathieu Pernot présentera son dernier travail, Le grand ensemble, dans lequel il interroge les usages et les valeurs portés par certaines représentations de «l’urbanisme moderne». Des photographies d’implosion d’immeubles sont confrontées à des cartes postales de ces quartiers pour reconstituer une histoire du regard porté sur ces lieux. L’auteur a également investi les textes figurant au dos des cartes. À l’origine souvent commentaires des images, les textes s’en émancipent pour former une pièce de littérature mineure, où le comique se mêle au tragique, le souvenir individuel à la mémoire collective.