06/10/2014
Collection Blanche Gallimard
Parution : 26-06-2014
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«Tu m’as donné les plus entièrement tendres, les plus parfaites heures de ma vie. J’ai cru que quelque prodige de correspondance harmonique entre nous s’était révélé, chose rarissime, qui ne pouvait que se renforcer, vibration identique entre les âmes, les esprits et les corps. Et en vérité, depuis que nous nous voyons je ressens cet accord exceptionnel sonner de plus en plus fort dans la substance de ma vie même.» (Paul Valéry à Jean Voilier, 1940.)
Paul Valéry se lie en 1937 à la romancière Jeanne Loviton, dite Jean Voilier. Les lettres qu’il lui adresse sept années durant témoignent de l’extraordinaire passion qui l’anime, de son aspiration à cet idéal amoureux qui, pour lui, élève les âmes et les corps à leur plus haut niveau d’accomplissement et d’entente.
Aussi bien le poète se livre-t-il tout entier à la puissante emprise de cette dernière liaison, ne renonçant jamais au chant de l’amour malgré les peines du jour, les fatigues morales et physiques de l’âge et les intermittences de sa nouvelle muse. Il ne s’agit plus dès lors de distinguer entre l’amour et ce qui est dit de l’amour, entre l’œuvre et la vie. Comme les poèmes à Jean Voilier réunis dans Corona & Coronilla et comme la Cantate du Narcisse ou Mon Faust écrits en ces mêmes années, ces lettres sont autant de «produits de sensibilité» qui, à leur manière très personnelle, concourent à la réalisation du grand projet sensuel et spirituel qui fut celuoi de Paul Valéry… jusqu’à la déchirante séparation voulue par Jean Voilier le jour de Pâques 1945, quatre mois avant la mort du poète.