Séminaire :
Séminaire général de critique génétique / 2015-201609/12/2015, IRCAM, salle Stravinsky
Pour la première fois dans Genesis, la dimension collaborative de la création est abordée de front : le travail à plusieurs, là où il va de soi, comme au théâtre et au cinéma, mais aussi l’intervention de mains multiples dans des formes artistiques où règne encore le mythe du génie solitaire, comme la littérature ou la composition musicale. Sont étudiés des exemples classiques de coopération : le duo de scénaristes Aurenche et Bost, travaillant pour et avec le cinéaste Claude Autant-Lara ; des collectifs d’écrivains, comme l’Oulipo, ou le groupe surréaliste, avec d’étonnants documents inédits où l’écriture d’Aragon se mêle étroitement à celle d’André Breton ; la création partagée ou déléguée chez les artistes contemporains. Mais la question est aussi envisagée de manière beaucoup plus inhabituelle. Le théâtre est considéré du point de vue des techniciens, de leur contribution et de la manière dont ils interagissent entre eux et avec le metteur en scène. On décrit des rapports entre le compositeur et son interprète qui vont dans le sens inattendu où c’est l’interprète qui agit en amont sur la composition (Luciano Berio/Heinz Holliger) ou qui détermine, avec l’accord du compositeur ou à son insu, la version de l’œuvre qui passera à la postérité (Bruckner). On montre aussi à quel point, au seizième siècle, les imprimeurs pouvaient avoir un impact sur l’œuvre littéraire qu’ils publiaient.
La question de la pluralité des mains dans les processus de création est ici formulée depuis plusieurs contextes disciplinaires différents : l’analyse génétique s’articule avec les perspectives de la sociologie, de la musicologie et de l’histoire du livre.
Genesis 41, « Créer à plusieurs mains »