Séminaire :
Séminaire et activités de l’équipe « Multilinguisme, Traduction, Création » /2024-202506/12/2024, CNRS 59, rue Pouchet 75017 Paris (salle 311, 3ème étage), 14h30-16h30
Virginia Victorino (1895-1967) est l’autrice de trois recueils de poésie les plus vendus dans les années 1920. Son œuvre a connu plus de 12 éditions au Portugal et au Brésil. Dans son premier recueil, Namorados (1921), nous trouvons une particularité : la plupart de poèmes s’adressent à un “tu” dont le genre est inconnu. Il s’agit d’un artifice possible en langue portugaise, qui consiste à utiliser les termes épicènes et les verbes qui ne marquent pas le genre. Cette stratégie de neutralisation prendra une place importante dans son œuvre, à tel point que dans son dernier recueil, Renuncia (1926) il n’y aura plus aucune marque de genre. La recherche sur les données biographiques de cette poétesse, notamment dans des archives au Portugal et au Brésil, dévoilent qu’il s’agit d’une stratégie pour éviter une lecture saphique de ces vers, dédiés en grande partie à la conférencière portugaise Olga de Moraes Sarmento – dans un contexte de tensions sociales et politiques croissants dans les années pré-Salazar.
Dans le cadre de ma thèse Écritures saphiques transatlantiques : intertextualités et réseaux franco-luso-brésiliens (1900-1930), je propose non seulement une relecture queer des poèmes neutralisés de Virginia Victorino, mais également une traduction queer, une traduction au féminin. Dans cette communication, il s’agira d’évoquer les stratégies de lecture, de relecture et surtout de traduction de poèmes choisis, plus que d’évaluer la place de cette poétesse dans un corpus saphique.
Julie Oliveira Da Silva est doctorante contractuelle en Littérature Française et Comparée à l’Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris 3). Ses recherches se concentrent sur les autrices et poétesses de la fin du XIXe à la première moitié du XXe siècle, autour du sujet saphique dans un contexte transnational (pays francophones et lusophones) ; ces recherches impliquent également les questions de circulation, de transmission et de canonisation des autrices – en particulier des écrivaines queer – à la fin du siècle. Elle a réalisé son Master en Littérature Générale et Comparée de l’Université Sorbonne Nouvelle (2023), où elle a fait une étude comparée entre Judith Teixeira, Eunice Peregrina de Caldas et Renée Vivien. Elle est diplômée en langues et littératures portugaise et française de l’Université d’État de Rio de Janeiro (2021).