Séminaire international Léopold Sédar Senghor

14/11/2024, Site Pouchet du CNRS, 59-61 Rue Pouchet, 75017 Paris, salle 311 ; 15h-17h GMT (16h-18h Paris)

Lien Zoom sur demande à senghor.item.ucad(a)gmail.com

« Léopold Sédar Senghor et Cheikh Anta Diop. Une « anthropologie de la décolonialité » »

Au-delà des oppositions politiques et idéologiques que relèvent souvent avec force les critiques qui leur sont consacrées, Léopold Sédar Senghor et Cheikh Anta Diop répondent tous deux à cette même « colonialité du pouvoir » qui a imposé au colonisé une aliénation de soi, une infériorité de son être et une disqualification de ses savoirs.

Pour répondre à cette « situation coloniale », Cheikh Anta Diop s’est appuyé sur les sciences (qui comprennent aussi la philosophie et l’anthropologie). Senghor, lui, a misé sur la poésie (qui englobe, avec le politique, la philosophie et l’anthropologie). C’est dans ses discours et ses réflexions consacrés à cette dernière dans plusieurs de ses écrits, la « Postface » d’Éthiopiques (1956) ou Ce que je crois. Négritude, francité et civilisation de l’universel (1984) – entre autres – qu’on découvre le dialogue souterrain que sa pensée a toujours entretenu avec celle de Cheikh Anta Diop. A l’heure où les bruits de leurs conflits idéologiques et politiques se sont tus ou ont perdu de leur actualité, on peut raisonnablement penser que Léopold Sédar Senghor et Cheikh Anta Diop procèdent tous deux à une « anthropologie de la décolonialité » qui s’appuie sur une même déconstruction des savoirs institués

Romuald Fonkoua est professeur de Littératures francophones à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université (France) depuis 2012, il y dirige le Centre International d’Etudes Francophones (CIEF). Sa recherche porte sur les questions de littérature générale en rapport avec la francophonie. Il a publié plus de 150 articles dans des revues à comité de lecture ; plusieurs ouvrages individuels parmi lesquels Correspondance Maran/Gahisto, (2021), Aimé Césaire. 1913-2008 (2010 ; 2013) ; Édouard Glissant. Essai sur une mesure du monde (Honoré Champion, 2002) ; Gabriel Mailhol, Le philosophe nègre et les secrets des Grecs. Ouvrage trop nécessaire en deux parties, introduction et édition (2008) ; et de nombreux essais en co-direction dont Penser le roman francophone contemporain (2020), Histoire de la poésie francophone (2021), Le héros et la mort dans les traditions épiques (2019), Les champs littéraires africains (2011), Robert Delavignette, savant et politique 1897-1976 (2009), et Les discours de voyages. Afriques Antilles (Karthala, 2009). Il est, par ailleurs, rédacteur en chef de la revue Présence africaine (créée en 1947 par Alioune Diop) et, de 1992-2000, membre du comité scientifique de la revue Notre Librairie et de plusieurs sociétés savantes en France comme à l’étranger et a présidé jusqu’en avril 2024 le conseil scientifique de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME). Ses travaux ont reçu plusieurs récompenses parmi lesquelles la Médaille de Bronze du Prix du Sénat du livre d’histoire 2010, le Prix Robert Delavignette de l’Académie des Sciences d’outre-mer (2011). Il est par ailleurs Chevalier dans l’ordre de Palmes Académiques (2018).

« Senghor, lecteur du Père Teilhard de Chardin »
Parmi les sources d’inspiration de Senghor, la place réservée au jésuite paléontologue Pierre Teilhard de Chardin (1881-1951) n’est pas secondaire. Senghor ne renia jamais sa reconnaissance vis à vis de l’oeuvre du grand savant et mystique, en soutenant notamment la publication et la diffusion des écrits de Teilhard de Chardin. Quel regard porter sur le lien entre la pensée de la négritude du premier et le cosmocentrisme du second ?
Jean-François Petit, religieux assomptionniste, est maitre de conférences habilité en philosophie à l’Institut Catholique de Paris, ancien membre du Conseil d’administration des Amis de Pierre Teilhard de Chardin. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, il est directeur du Réseau philosophique de l’interculturel.