24/03/2025 - 31/10/2025, ITEM/CNRS 59, rue Pouchet 75017 PARIS - 3ème étage

Quelques photographies extraites de l’exposition
Le papier est une matière faite à partir de fibres végétales qui ont été battues en présence d’eau, collectées sur un tamis et séchées. Ces fibres peuvent être issus d’artefacts fabriqués à partir de matière végétale recyclée (textiles, cordages, filets) ou de plantes fraîches (plantes textiles comme le chanvre ou l’écorce interne d’arbustes).
L’analyse du papier comprend deux composantes principales : l’analyse macroscopique et l’analyse microscopique. La macroscopie consiste à identifier les étapes de fabrication du papier en observant les traces laissées dans la structure interne de la feuille par les outils et les gestes du papetier. L’analyse microscopique consiste à prélever un petit échantillon de papier (environ 1mm²) afin d’identifier la composition fibreuse du papier. Les fibres utilisées pour la fabrication du papier renseignent sur le lieu de fabrication ainsi que les liens entre des régions ou des pays limitrophes du lieu de fabrication. En effet, les matériaux utilisés pour la confection du papier voyagent avec les hommes et peuvent être récupérés, réutilisés ou transformés par les populations locales.
Les photographies présentées dans cette exposition sont le fruit du travail d’Émilie Arnaud- Nguyêñ et furent réalisées dans le cadre d’analyses de fibres papetières pour deux projets distincts.
Le projet « SONATA BIS 4 » (2015-2018) consistait en une étude pluridisciplinaire de manuscrits népalais découverts par l’archéologue Mark Aldenderfer dans divers sites de la région népalaise du Mustang. Les fragments et feuillets de manuscrits papier furent étudiés par une équipe pluridisciplinaire dont les résultats furent publiés dans l’ouvrage : The Mardzong Manusicpts : Préservation, Interpretation and Dating of an Archaeological Find in Mustang, Nepal (Torùn, 2018).

Une vue de l’exposition
Le projet HisTochText (2018– 2023) avait pour objectif de restituer l’histoire de la culture écrite bouddhique entre 400 et 1000 de notre ère. L’étude portait sur un corpus de manuscrits papiers du fonds Pelliot (Bibliothèque nationale de France) et associait une équipe pluridisciplinaire pour réaliser une l’analyse textuelle proprement dite, menée avec les ressources de la philologie et des analyses matérielles du support des manuscrits découverts au début du xxe siècle dans les ruines bouddhiques du royaume oasien de Koutcha, dans l’actuelle région chinoise du Xinjiang.
Les analyses furent réalisées au laboratoire du Center for the Study of Manuscripts Culture à Hambourg, sous la direction d’Agniezska Helman-Ważny et Anna-Grethe Rischel.
Notice biographique
Émilie Arnaud-Nguyêñ est conservatrice-restauratrice des biens culturels spécialisée en art graphique. Elle a obtenu un Master en Conservation-Restauration des Biens Culturels, spécialité art graphique et livres en 2018. Son mémoire portait sur l’évolution de la technologie papetière népalaise ; elle a réalisé des analyses macroscopiques et microscopiques de papiers népalais anciens et contemporains. Elle a obtenu son Doctorat en cotutelle entre l’École Pratique des Hautes Études et l’université de Hambourg en 2024. Elle a analysé des manuscrits papiers rédigés en Koutchéen conservés à la Bibliothèque nationale de France (fonds Pelliot). Elle enseigne actuellement l’analyse du papier aux étudiants en conservation-restauration art graphique et livres de l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne et de l’Institut National du Patrimoine. Elle délivre une formation sur l’analyse du papier aux conservateurs-restaurateurs et conservateurs du patrimoine à l’Institut National du Patrimoine. En parallèle, elle travaille en tant que restauratrice indépendante.
L’analyse des papiers à l’Institut des Textes et manuscrits modernes

Kakémono de présentation
L’ITEM possède une équipe de codicologie (ainsi qu’un centre de documentation dédié aux papiers) consacrée à l’étude macroscopique des manuscrits modernes : description matérielle du manuscrit, identification des supports et des tracés, histoire du papier, des instruments d’écriture et des pratiques scripturales. Activité transversale du laboratoire, elle vient en appui aux différentes équipes du laboratoire, qui peuvent la solliciter dans le cadre de leurs projets de recherche.
L’équipe de codicologie développe également ses propres projets, notamment dans le cadre d’une convention scientifique signée en partenariat avec l’Association Française pour l’Histoire et l’Étude des Papiers et des Papeteries (AFHEPP).
L’idée de cette exposition est née lors du colloque de l’International Association of Paper Historians, à Oslo, en septembre 2024, quand Émilie Arnaud-Nguyêñ a présenté ses recherches et projeté les photographies de ses analyses microscopiques de fibres papetières. Il nous est, en effet, apparu qu’au-delà des aspects scientifiques, ces clichés possédaient des qualités artistiques indéniables qui méritaient d’être valorisées dans le cadre d’une exposition de photographies, aux confins de la science et des arts.
Cette exposition, réalisée en collaboration avec le service Communication et multimédia de l’UAR Pouchet, est la quatrième présentée dans ces locaux par l’ITEM, après deux expositions des photographies d’Émile Zola en 2016 et 2022-2023, et celle d’Emmanuelle Phelippeau-Viallard, consacrée à New York, en 2023.