Séminaire et activités de l’équipe « Multilinguisme, Traduction, Création » /2024-2025

Colloque international

L’étude du processus créatif des écrivaines francophones

plurilingues aux XXe et XXIe siècles

Académie royale suédoise des belles-lettres, d’histoire et des antiquités (KVHAA)

Villagatan 3, 114 32 Stockholm

les 12-13 juin 2025

Organisé par

Mickaëlle CEDERGREN (Université de Stockholm/ITEM) et Olga ANOKHINA (ITEM)

 

Avec le soutien de l’Académie royale suédoise des belles-lettres, d’histoire et des antiquités–Kungliga Vitterhets Historie och Antikvitets Akademien (KVHAA)

 

Traditionnellement, on pense qu’un auteur écrit dans une langue de son pays à destination d’un lectorat monolingue. Si la majorité des œuvres publiées confirment cette vision, l’étude des brouillons montre souvent le processus d’écriture beaucoup plus complexe où plusieurs langues maîtrisées par un écrivain participent à différents stades d’élaboration d’une œuvre. Ainsi, certains écrivains formulent les plans dans une langue et rédigent un texte dans une autre. D’autres font des commentaires métadiscursifs dans une langue pour annoter et modifier un texte écrit dans une autre. Quelques-uns vont échanger sur des questions de langue et de terminologie dans leur correspondance et décrire leur propre activité de traduction. Enfin, très nombreux sont ceux qui transposent leur œuvre dans une autre langue, l’autotraduction permettant de continuer son processus créatif, d’améliorer le texte initial, de l’adapter à un autre public, parfois après avoir pris connaissance de la critique littéraire. Ces stratégies déployées par les écrivains sont nombreuses et leur connaissance et leur compréhension ne sont  possibles que grâce à l’étude des avant-textes de l’œuvre.

 

Dans ce colloque international, nous étudierons exclusivement les corpus des autrices qui, généralement, sont moins mis en valeur dans les recherches universitaires. L’ambition de cette rencontre sera de mettre en lumière le processus créatif – en français – chez les écrivaines plurilingues aux XXe et XXIe siècles. Si la période étudiée et le genre des corpus étudiés sont bien circonscrits, toutes les modalités créatives seront explorées : l’écriture en plusieurs langues ou dans une langue non maternelle, l’autotraduction, la traduction collaborative voire la traduction. En effet, toutes ces activités sont fortement imbriquées et doivent être appréhendées dans une vision globale.

 

Comme un grand nombre d’écrivaines plurilingues exercent une importante activité de traduction de /vers le français et que la traduction leur sert souvent d’espace d’écriture expérimentale, les études sur l’interaction écriture/(auto)tradution seront au centre des questionnements de cet événement. En outre, puisque le plurilinguisme des écrivaines est souvent caché ou occulté, une attention particulière sera portée à l’étude des documents d’archives (brouillons des œuvres ou de traduction, correspondance, bibliothèque personnelle, etc.). D’autres problématiques essentielles comme les humanités numériques (par le biais des bases de données numériques disponibles) seront également convoquées. Lorsque les manuscrits n’ont pas été conservés, d’autres méthodes d’analyse pourraient permettre d’étudier les transformations et les interactions entre le texte initial et le texte second en révélant, par exemple, le degré de créativité des textes autotraduits.

 

La conférence se penchera principalement sur les questions suivantes :

 

  • Quelles stratégies créatives déploient les autrices qui écrivent et (s’auto)traduisent en plusieurs langues ou dans une langue adoptée ?
  • Comment le plurilinguisme caché ou occulté des écrivaines se manifeste-t-il dans une œuvre publiée et/ou dans les avant-textes ?
  • De quelle manière l’activité d'(auto-)traduction des écrivaines plurilingues a-t-elle contribué à stimuler et à fertiliser leur écriture ?
  • Comment les écrivaines-traductrices décrivent-elles leur activité de traduction ?
  • Comment les autrices coopèrent-elles avec d’autres traducteurs/traductrices pour transposer leurs œuvres en d’autres langues ?
  • Comment les écrivaines/traductrices rejettent-elles les normes de leur culture d’origine (en particulier les normes du monolinguisme) ?
  • Comment les écrivaines/traductrices innovent-elles pour transmettre d’autres valeurs culturelles ?
  • Quelles sont les modalités du processus d’écriture lorsque les écrivaines plurilingues traduisent les œuvres d’autres personnes ou leurs propres œuvres ?

 

Dans le souci de diversité linguistique et du développement de la francophonie scientifique, le colloque se tiendra intégralement en langue française.