Pedro Díaz Morante, Tercera parte del arte nueva de escribir, Madrid, Imprenta Real, 1629 (Source : Biblioteca Digital Hispánica)

Le groupe de recherches « Écritures hispaniques » explore les régimes d’écriture, complémentaires pour les uns, concurrents pour les autres, que l’on observe dans l’étude du « Siècle d’Or » ibérique. Du XVe au XVIIIe siècle, les territoires de la Monarchie catholique se caractérisent en effet par l’importance de la manuscriture, forme première du texte littéraire – des auteurs littéralement obsédés par l’impression de leurs œuvres tels Cervantès ou Lope de Vega faisant plutôt exception, à cet égard. Cette singularité modifie substantiellement la perception du fait littéraire, que l’on cherchera à étudier dans une démarche qui fait écho à celle du groupe « Médiévie ».

Traités humanistes, manuscrits poétiques, textes dramatiques, récits de fêtes ou « écritures exposées » de toutes sortes (épigraphie à l’antique, écritures bordées ou tissées, cartels et autres affiches) sont ainsi étudiés dans l’historicité de leur genèse manuscrite et imprimée, dans la progressivité des processus de translation, de traduction et d’imitation et dans la pérennité de leurs effets sur la langue et la culture ibériques au sens large, dans les centres comme dans les périphéries, et ce jusque dans leurs prolongements italiens, flamands ou américains.

Tout en s’inscrivant dans une analyse générale des théories intellectuelles de l’époque en Espagne – sur des questions telles que l’humanisme ou la sorcellerie -, l’analyse de deux concepts essentiels de l’histoire littéraire classique vient offrir des axes à la structure de l’équipe : l’imitatio, dont l’analyse vient plonger au cœur de la création littéraire, et la translatio.

En cette année 2025, un séminaire est ainsi consacré au traitement de la sorcellerie par l’humaniste Pedro de Valencia, tandis que l’étude de la translatio se développe dans le cadre d’un projet collectif du même nom dirigé entre plusieurs centres de recherche (soutenu par la Casa de Velázquez), qui se donne pour objectif l’étude des transferts littéraires nourrissant les lettres de la Péninsule.