Le groupe de recherches « Écritures hispaniques » explore les régimes d’écriture, complémentaires pour les uns, concurrents pour les autres, que l’on observe dans l’étude du « Siècle d’Or » ibérique. Du XVe au XVIIIe siècle, les territoires de la Monarchie catholique se caractérisent en effet par l’importance de la manuscripture, forme première du texte littéraire – des auteurs littéralement obsédés par l’impression de leurs œuvres tels Cervantès ou Lope de Vega faisant plutôt exception, à cet égard. Cette singularité modifie substantiellement la perception du fait littéraire, que l’on cherchera à étudier dans une démarche qui fait écho à celle du groupe « Médiévie ».

Traités humanistes, manuscrits poétiques, textes dramatiques, récits de fêtes ou « écritures exposées » de toutes sortes (épigraphie à l’antique, écritures bordées ou tissées, cartels et autres affiches) sont ainsi étudiés dans l’historicité de leur genèse manuscrite et imprimée, dans la progressivité des processus de translation, de traduction et d’imitation et dans la pérennité de leurs effets sur la langue et la culture ibériques au sens large, dans les centres comme dans les périphéries, et ce jusque dans leurs prolongements italiens, flamands ou américains.

Plusieurs axes viennent structurer ces études, depuis l’imitatio, dont l’analyse vient plonger au cœur de la création littéraire – en particulier de classiques comme Garcilaso de la Vega ou Luis de Góngora –, jusqu’à la translatio, dont l’étude se développe dans un projet collectif du même nom dirigé entre plusieurs centres de recherche (soutenu par la Casa de Velázquez) et se donne pour objectif l’étude des transferts littéraires nourrissant les lettres de la Péninsule, sans oublier l’analyse des théories intellectuelles de l’époque, sur des questions aussi essentielles que l’humanisme ou la sorcellerie.