All. Beschreibung, Angl. Description, Ar. ? ; Chin. ? ; Esp.Descripción, It. Descrizione, Jap. ? (生成論), Port. Descrição, Rus. Описание
• Le descriptif est un ensemble virtuel de structures sémiotiques susceptibles de s’actualiser textuellement dans des descriptions, formes (genres) conventionnelles de dimension variable comme le portrait, le catalogue, la description de paysage, de lieu, la nature morte, la métaphore filée, la description homérique (une description d’actions), qui est en général le résultat d’un processus de mise en liste, fréquemment observable dans les documents préparatoires. Elle est la déclinaison d’un paradigme latent (de mots, de choses, d’actions, de lexiques, de noms, de parties d’un ensemble fini).
Hist.La description a longtemps été négligée, voire condamnée, par les diverses approches rhétoriques qui se contentaient d’en faire une « définition imparfaite », ou la servante du récit, et de n’y voir qu’un lieu du texte que le lecteur pouvait « sauter » (Boileau), ou un lieu où l’auteur pouvait faire la démonstration trop « luxueuse » d’un savoir-faire stylistique (ekphrasis, hypotypose, images, épithètes). Il a fallu attendre l’expansion des recherches en narratologie pour que l’on s’intéresse aux problèmes spécifiques du descriptif, non plus par rapport à la mimésis, ou représentation de la réalité, mais en l’envisageant comme une construction textuelle (la « mise en liste ») qui a souvent des fonctions autres que seulement représentatives au milieu du récit où elle s’insère (Hamon 1972). Cependant, ce n’est qu’à la fin des années 1970 que la critique génétique s’y est affrontée, avec les travaux de R. Debray Genette, principalement sur les Trois Contesde Flaubert (repris dans Debray Genette 1988).
Théor.Le cas de la description balzacienne, zolienne et flaubertienne, intéressant car relevant du régime réaliste a priorifriand de descriptions, a été bien étudié, les généticiens disposant pour ces auteurs d’importants fonds de dossiers préparatoires (Bibliothèque de l’Institut, BnF). Zola programme souvent d’une dénomination (« maison », « jardin », « toute la maison », « portrait de Jean ») la place d’une description dans la construction des premiers scénarios (au niveau des « Plans »). Mais chez Zola comme chez Flaubert, la description apparaît textuellement et stylistiquement plutôt dans les derniers états scénariquesou esquisses, quand intervient le passage à sa rédaction, c’est-à-dire à l’écriture même, corrigée sur de nombreux folios de brouillons, jusqu’aux manuscrits autographes et du copiste, encore recorrigés ; la description, beau morceau de bravoure stylistique, détachable, qui tourne naturellement souvent au poème en prose, est un haut lieu de la rature ; il s’agit alors de définir et d’étudier ces divers phénomènes d’endogenèse. La description, chez Zola comme chez Flaubert, passe souvent, après une enquête préliminaire et une prise de notes, par l’élaboration de plans, plans-résumés numérotés (chapitre I, II, etc.), mais aussi plans topographiques dessinés de la main de Zola (plan d’un quartier, d’un appartement, d’un immeuble, d’un jardin, etc.) concernant les lieux (réels ou imaginaires) où évoluent les personnages, d’où une entreprise de visualisation essentielle. Ces plans dessinés sont très précis et le plus souvent annotés ; c’est là que s’amorce la description, et donc que la critique génétique tâche surtout d’intervenir (Lumbroso 2004).
Quest.La théorie générale de la description comme forme et type textuel étant à peu près au point, il reste à la génétique à étudier, dans la genèse d’une œuvre, les modes d’émergence propres à la mise en liste (est-elle toujours la conséquence d’une réécriture de notes antérieures ?) et àétudier ces mises en listes dans leurs rapports de complémentarité, de combinaison et de distribution avec les autres dominantes textuelles (le narratif, le dialogue, l’argumentatif, le poétique ; comment notamment la description est-elle intégrée dans le récit ? c’est le grand débat de la « description homérique », débattu dans le Laocoonde Lessing). Ces rapports sontsouvent liés d’ailleurs à d’autres processus, tels l’effet de réel, la focalisation, la modalisation (peut-on déceler des traces énonciatives du narrateur, ironique ou sérieux ?) et surtout leur variation ; ainsi la focalisation est-elle susceptible de changer, et les traces énonciatives peuvent-elles disparaître avec les ratures.
-> AMPLIFICATION, CARNET, EBAUCHE, ESQUISSE, EXOGENESE/ENDOGENESE, FOCALISATION, NARRATOLGIE, RECIT
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