23/11/2023, Salle Dussane - École Normale Supérieure - 45, rue d’Ulm 75005 Paris. 14h - 19h
La critique génétique représente l’une des principales innovations critiques des quarante dernières années. Elle a établi une nouvelle manière d’aborder les œuvres en déplaçant l’accent du texte achevé vers le processus de création et l’ensemble de ses traces. La musique a occupé une place jusqu’à présent secondaire dans le développement de cette discipline et les deux numéros thématiques de Genesis consacrés à cet art, en 1993 et en 2010, se sont concentrés sur l’aspect spécifique de la création musicale contemporaine. Bien que périphérique au sein de la critique génétique, la musicologie est porteuse d’une longue tradition philologique, qui a été à l’origine d’une série d’études consacrées aux brouillons et aux esquisses de musique. Initialement centré sur la figure de Beethoven, ce courant musicologique s’est progressivement ouvert à d’autres compositeurs (Bach, Berlioz, Liszt, Mahler, Debussy…), en leur fournissant un modèle méthodologique. Aux États Unis, les Sketch Studies ont produit des textes programmatiques et se sont vite institutionnalisés. En Europe, l’étude des documents de travail des compositeurs a visé dans la plupart des cas davantage à la stabilisation du texte par l’établissement d’éditions critiques qu’à l’étude de la création musicale en tant que processus. De fait, l’épistémologie de la génétique musicale reste à établir.
Si, ces dernières années, les musicologues se sont de plus en plus ouverts aux problématiques soulevées par les approches génétiques et à leur application à la musique, en France, un véritable dialogue entre la critique génétique et la musicologie ne s’est construit qu’autour de deux pôles : Beethoven d’une part et le répertoire contemporain de l’autre. La présente journée d’étude entend poursuivre ce rapprochement entre critique génétique et approches musicologiques en élargissant l’objet d’étude aux répertoires du XIXe siècle. En reprenant des questionnements chers à la critique génétique, notamment sur les notions d’avant-texte et de processus, elle se propose à la fois de nourrir le dialogue entre les deux disciplines et de jeter les bases d’une épistémologie de la génétique musicale.
Coordination : Rosalba Agresta, membre de l’équipe « Génétique et histoire des arts / Groupe Musique » de l’ITEM
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PROGRAMME (Télécharger le PDF)
14h00 Accueil
14h15-14h45 Introduction par Paolo D’Iorio (ITEM) et Rosalba Agresta (IReMus, ITEM)
14h45-15h15 Cécile Reynaud (SAPRAT), Les Troyens d’Hector Berlioz au regard de ses sources manuscrites
15h15-15h25 Discussion
15h25-15h55 Hervé Audéon (IReMus), La génétique et l’étude des pratiques musicales : questions autour du programme AcClaV, des archives Herold et des écrits inédits d’Antoine Reicha
15h55-16h25 Fabien Guilloux (IReMus), Le brouillon de Thaïs de Jules Massenet
16h25-16h45 Discussion
16h45-17h00 Pause
17h00-17h30 François Delécluse (LaM), De la table au piano : Repenser le passage de l’écrit au sonore dans la génétique musicale
17h30-18h00 Rosalba Agresta (IReMus, ITEM), Retracer le processus de composition à travers les sources musicales écrites : approches méthodologiques d’une génétique musicale
18h00-18h30 Discussion
18h30-18h45 Conclusion