09/05/2001

Cet ouvrage éclaire la notion de bibliothèque d’écrivain, réelle ou virtuelle, à partir d’un échantillonnage représentatif, du XVIIIe siècle à l’époque contemporaine, de Winckelmann, Montesquieu, Stendhal, Schopenhauer, Flaubert, Nietzsche, à Valéry, Joyce, Woolf, Pinget.
Ces bibliothèques permettent l’étude du processus créatif, acte individuel en interaction avec un espace social en faisant apparaître une intertextualité invisible, se révèlent être un élément essentiel de la genèse des textes. Les outils informatiques autorisent une exploration nouvelle de ces corpus difficiles à appréhender.

Les bibliothèques d’écrivains, réelles – quand elles ont été préservées par l’histoire – ou virtuelles – c’est-à-dire reconstituées à partir de carnets, registres, cahiers d’extraits et autres documents disponibles, ont depuis longtemps attiré l’attention des chercheurs. Elles sont aujourd’hui l’objet de nouvelles méthodes d’investigation.
Témoignages concrets d’intertextualité et de genèse, elles permettent d’observer le dialogue des livres et des manuscrits, l’espace transactionnel où l’écriture en train de se faire sur le déjà-écrit. Elles restituent aux œuvres une tension essentielle, en réactivant les liens parfois cachés que tout texte établit vers les autres textes, en ressuscitant la doxa, aujourd’hui oubliée, contre laquelle écrivait un Montesquieu ou un Nietzsche, ou en déployant l’intertexte invisible de Bouvard et Pécuchet et de Finnegans Wake, que cette dissimulation soit délibérée ou résulte de l’usure du temps. Les bibliothèques d’écrivains se révèlent être un élément essentiel de la genèse des textes, un élément que l’intérêt actuel pour les processus d’écriture ne peut se permettre de négliger.
En s’appuyant sur les exemples particulièrement significatifs de Montesquieu, Winckelmann, Stendhal, Schopenhauer, Flaubert, Nietzsche, Joyce, Virginia Woolf, Valéry et Pinget, ce volume s’efforce d’analyser la diversité des pratiques de lecture-écriture chez les essayistes, philosophes, romanciers et poètes.

Paolo D’Iorio, philosophe, chargé de recherche au CNRS, est spécialiste de Nietzsche. Il a publié plusieurs essais en Italie, en France, en Allemagne, ainsi que des éditions de textes (Les philosophes préplatoniciens, Éd. de l’Éclat ; Écrits de jeunesse, Bibl. de la Pléiade, Gallimard).

Daniel Ferrer, directeur de recherche au CNRS, a publié des ouvragessur Virginia Woolf, James Joyce, et sur la théorie littéraire. Coéditeur de l’Ulysse de Joyce dans la Bibliothèque de la pléiade, rédacteur en chef de la revue Genesis, il prépare une édition de carnets de Finnegans Wake.


Bibliothèques d’écrivains, sous la direction de Paolo D’Iorio et Daniel Ferrer, Paris, éditions du CNRS, Collection Textes et manuscrits, 2001, 214 p., format : 15.0 x 24.0 cm, ISBN : 978-2-271-05847-8