Sommaire
- Introduction générale
- Le destin d’un manuscrit (1880‑1975)
- La vente en 1931 à l’Hôtel Drouot du manuscrit autographe
- Le Manuscrit définitif autographe et le manuscrit du copiste
- Une décision testamentaire énigmatique
- Une période de privatisation de plus de 40 ans
- L’acquisition du manuscrit autographe de
- Le rôle du Président
- Le manuscrit un objet scientifique
- « Une voie désormais grande ouverte aux recherches »
- État présent et Bilan historique
- Objectifs
- Amplitude du projet et difficultés méthodologiques
- Une masse considérable de documents
- Un problème de présentation
- Vers une typologie des études de genèse
- Base chrono‑bibliographique
- Notes de bas de page
Je remercie mon directeur de recherche, Pierre‑Marc de Biasi, qui m’a beaucoup aidée dans cette entreprise et l’Équipe « Flaubert » de l’ITEM (CNRS) où j’ai pu trouver l’importante documentation indispensable pour cette étude, grâce notamment à l’assistance bienveillante de Martine Mesureur‑Ceyrat.
Introduction générale
Le destin d’un manuscrit (1880‑1975)1
À la mort de Gustave Flaubert, le 8 mai 1880, Désirée‑Caroline Commanville hérite de tous les biens de son oncle. Après la vente de la demeure familiale de Croisset à cause de difficultés financières, la bibliothèque et l’ensemble des manuscrits de Flaubert vont accompagner la nièce dans ses domiciles successifs. Dès cette époque, plusieurs ventes d’autographes ont lieu de la main à la main entre Caroline et quelques collectionneurs privés. En 1893, trois ans après la mort de son mari, Ernest Commanville, Caroline, âgée de 47 ans, emporte tous les papiers de son oncle et s’établit sur les hauteurs d’Antibes, où sa « villa Tanit »2 devint « un genre de mausolée »3 flaubertien. En 1903, elle épouse, en secondes noces un ami d’enfance, le docteur Franklin‑Grout, fils d’un étudiant du docteur Achille‑Cléophas Flaubert. Jusqu’en 1931, date de sa disparition, Caroline s’occupe de la publication des Œuvres complètes, de la Correspondance et celle de certains manuscrits inédits. En 1914, elle décide de faire don de plusieurs des grands manuscrits de Flaubert à deux institutions officielles : le dossier de Salammbô et celui des Trois Contes est déposé au Département des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale4 le 11 mai 1914 et, deux jours plus tard, ce sont les dossiers manuscrits de Madame Bovary et de Bouvard et Pécuchet qui sont remis à la Bibliothèque municipale de Rouen (les deux lots étant assortis d’un délai de communication de cinquante ans à compter du jour de la mort de Flaubert, soit jusqu’au 9 mai 1930)5. À cette date, le dossier de Bouvard et Pécuchet contient une masse de documents, non identifiés, classée sous le titre « Recueil de documents divers recueillis par Flaubert pour la préparation de Bouvard et Pécuchet ». On découvrira, plus tard, que cet ensemble contient des notes, notamment sur la révolution de 1848, qui ont été prises, par l’auteur, pour L’Éducation sentimentale6. Il faut attendre la mort de Caroline, le 2 février 1931, pour que les autres manuscrits de Flaubert sortent de l’ombre, et notamment, celui de L’Éducation sentimentale. Selon les décisions testamentaires de Caroline, la Bibliothèque Nationale reçut, en complément du don de 1914, le dossier intégral de La Tentation de saint Antoine ; et l’Institut de France, l’ensemble de la Correspondance de Flaubert qui fut ensuite déposé à la Bibliothèque Spoelberch de Lovenjoul à Chantilly. Quelques manuscrits sont vendus par la librairie Auguste Blaizot au collectionneur le docteur Lucien‑Graux. Pour tous les autres manuscrits, dont celui de L’Éducation sentimentale de 1869, C. Franklin‑Grout avait décidé qu’ils seraient dispersés en vente publique, en partie, au profit d’œuvres caritatives. Par conséquent, en 1931, trois mois après le décès de la nièce de Flaubert, deux ventes historiques ont lieu. La première se déroula à la « villa Tanit », les 28, 29 et 30 avril 1931, avenue des Chênes, à Antibes7. À cette vente, quatre‑vingt dix‑huit lots étaient des manuscrits de Flaubert parmi lesquels des notes de lecture, les cahiers du Voyage aux Pyrénées et en Corse et les manuscrits et brouillons du Candidat. Mais, c’est surtout la seconde vente qui nous intéresse puisqu’elle concerne le roman parisien8.
La vente en 1931 à l’Hôtel Drouot du manuscrit autographe
Cette vente a eu lieu à Paris, à l’Hôtel Drouot, salle n° 9, les 18 et 19 novembre 1931, sous le titre « Succession de Mme Franklin‑Grout‑Flaubert. Catalogue des manuscrits, notes, études, cahiers de Gustave Flaubert, des livres dédicacés à G. Flaubert, des objets d’art et objets personnels lui ayant appartenu, encrier de Gustave Flaubert ; des lettres autographes ; lettres d’Eulalie ; traités et contrats d’éditeurs de Gustave Flaubert »9. Les manuscrits de Flaubert qui portaient les numéros (111) à (184) et (195) à (220) furent vendus le 19 novembre. Et, parmi les dossiers les plus importants, on trouvait les scénarios, plans, notes, ébauches, brouillons et mises au net de L’Éducation sentimentale portant le numéro (183) : l’ensemble portait le numéro 183. Étaient présents à cette vente de nombreux collectionneurs parmi lesquels des écrivains comme Gaston Chéreau, Émile Henriot, ainsi que J‑V Pellerin, le docteur Lucien‑Graux, le libraire Victor Degrange et, celui qui deviendra l’acquéreur du manuscrit de L’Éducation sentimentale, le comédien Sacha Guitry. Lors d’un colloque organisé du 25 au 28 avril 1969 par l’Université de Rouen et la Société des Amis de Flaubert pour le centenaire de L’Éducation sentimentale, Jacques Suffel, à l’époque bibliothécaire à la Bibliothèque Nationale, a raconté comment il avait été témoin, le 19 novembre 1931, de la vente du manuscrit autographe de L’Éducation sentimentale :
« L’adjudication eut lieu, je crois, vers les 4 h. de l’après‑midi […]. Il y avait foule, le 19 novembre 1931, dans la salle n° 9. (…) Debout dans un coin de la salle, le feutre rabattu sur les yeux, portant sur son pardessus la large rosette de commandeur de la Légion d’honneur, le célèbre auteur dramatique semblait diriger les enchères, et le commissaire‑priseur Lair‑Dubreuil tournait sans cesse vers lui un marteau interrogateur »10
D’après le témoignage du conservateur, plusieurs acheteurs ont été intéressés par le manuscrit. Les enchères ont commencé à 5000 francs et c’est le comédien Sacha Guitry qui acquit « de haute lutte (…) contre un enrichisseur américain » le manuscrit L’Éducation sentimentale, pour la somme de 33 000 francs, auquel il ajoute quelques objets personnels de l’écrivain : l’encrier de bronze, une bague en or ornée d’un camée et une tasse à déjeuner en vermeil, le tout pour la somme de 20 000 francs. Mais ce n’est pas tout, et ce que J. Suffel ne mentionne pas dans son article c’est que, ce 19 novembre 1931, fut également vendu un autre lot, portant le numéro 184, qui contenait de nombreux documents autographes, et non autographes, rassemblés dans une chemise où il était écrit de la main de Flaubert « Renseignements pour L’Éducation sentimentale ». Ce lot fut mis à prix à 4000 francs et adjugé pour la somme de 1650 francs à Madame Armand Dorville11. On ajoutera que ce petit dossier était également suivi de plusieurs autres lots, essentiellement des lettres de proches adressées à Flaubert contenant des réponses aux questions posées par l’écrivain pour la rédaction de L’Éducation sentimentale. Ces lettres furent adjugées à différents acheteurs.
On aura remarqué qu’aucune institution officielle ayant déjà reçu des dons de la part de C. Franklin‑Grout (Bibliothèque Nationale, Institut de France, Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, Bibliothèque municipale de Rouen) n’a fait de proposition d’achat pour le manuscrit, ni le moindre usage du droit de préemption. Et cela, du fait même, comme le fait remarquer Roger Pierrot, dans son introduction au catalogue de l’exposition du centenaire de Flaubert, qu’à « cette époque la politique d’achat des manuscrits modernes par les établissements publics n’existait pas encore »12.
Le Manuscrit définitif autographe et le manuscrit du copiste
Entre‑temps, bien avant la vente de 1931, dès 1906, Caroline, dans son testament avait prévu de confier au musée Carnavalet plusieurs documents dont le manuscrit autographe de L’Éducation sentimentale de 1845, les Carnets et les Manuscrits de L’Éducation sentimentale de 1869 (Manuscrit définitif et manuscrit du copiste). À la mort de Caroline, le musée reçut cet ensemble, mais au moment de l’ouverture des scellés, il manquait le manuscrit de la « première » L’Éducation sentimentale : entre‑temps la nièce l’avait vendu à M. Blaizot. Or, constatant cette absence, le conservateur en chef du musée, à l’époque Monsieur Jean Robiquet, refuse le don sous prétexte que ce legs ne vaut plus rien sans ce manuscrit ! Pierre‑Marc de Biasi, dans son édition des Carnets de Travail de Flaubert (à laquelle nous nous référons pour l’histoire de ce legs) cite le rapport consultatif du conservateur au Conseil municipal :
« (…) Il semble, dans ces conditions que les objets qui nous sont offerts n’ont qu’une valeur documentaire assez mince (…) Je propose donc de soumettre le legs à l’examen de la 4e Commission du Conseil municipal avec avis défavorable à son acceptation »13
Après le refus du conservateur, commence alors une longue période où les Carnets et les manuscrits vont passer des sous‑sols du Crédit Lyonnais à ceux du Musée Grimaldi d’Antibes, avant d’arriver, enfin, au Musée Carnavalet en 1936, et de rejoindre la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris en 1942.
Une décision testamentaire énigmatique
L’attitude du conservateur du musée est difficilement explicable, surtout lorsqu’on sait que le legs concernait le Manuscrit définitif et le manuscrit du copiste d’un des plus grands chefs‑d’œuvre de Flaubert. D’autant moins explicable, qu’à cette époque, L’Éducation sentimentale connaissait une notoriété grandissante, notamment depuis la polémique au sujet du style de Flaubert qui opposa Marcel Proust et Albert Thibaudet en 192214. Au demeurant, on s’interroge : pourquoi C. Franklin‑Grout a‑t‑elle pris la décision testamentaire de livrer l’important dossier de rédaction de L’Éducation sentimentale aux aléas d’une vente publique, alors qu’elle avait pris soin auparavant de léguer le Manuscrit définitif et celui du copiste au musée Carnavalet et qu’elle avait fait don très tôt, à des institutions officielles, de tous les autres grands manuscrits de son oncle ?15 D’une part, on peut penser que la mauvaise réception du roman auprès des critiques, lors de sa publication en 1869, a pu avoir une certaine influence sur son choix testamentaire16. Mais la réception posthume de Bouvard et Pécuchet avait été encore plus mauvaise que celle de L’Éducation sentimentale, ce qui n’a pas empêché la nièce de Flaubert de léguer l’ensemble du dossier à la Bibliothèque municipale de Rouen. D’autre part, si Caroline hérite de tous les papiers de son oncle, le manuscrit de L’Éducation sentimentale est le seul qu’elle reçut de la main de l’auteur avant sa mort : « Bien sûr, j’en ai beaucoup d’autres mais celui‑là mon oncle me l’a donné avant sa mort (…) », confie‑t‑elle à la romancière américaine Willa Carter, pendant l’été 193017, soit un an avant la vente publique du manuscrit à l’Hôtel Drouot. Pourquoi donc préférer voir le précieux manuscrit entre les mains d’un collectionneur privé, éventuellement étranger, plutôt que dans une collection publique tandis que trois mois avant le déclenchement de la première guerre mondiale, elle avait pris soin de faire don du reste de l’œuvre à des collections publiques ? Dans sa présentation du catalogue de la vente du 18‑19 novembre 1931, l’expert Me Morot a écrit :
« Elle [Caroline] a pensé que conservés par des admirateurs ou des collectionneurs, ils [les manuscrits] seraient plus choyés, plus exaltés que s’ils étaient tous allés s’enfermer dans les Bibliothèques publiques […] »
Malheureusement, cette explication nous paraît insuffisante. Aujourd’hui, il ne semble pas possible d’apporter une réponse claire à cette question que constitue le sort particulier réservé au manuscrit du roman de 1869 ; à moins que le choix de Caroline ne se soit porté précisément sur cette œuvre, parce que le débat Proust –Thibaudet avait attiré sur elle une certaine notoriété qui permettrait d’espérer de bons résultats en vente publique… Une autre observation redouble le mystère autour du manuscrit de L’Éducation sentimentale : au début du XXe siècle, l’œuvre est bien connue des spécialistes (écrivains et universitaires) en tant que texte, mais personne, ou presque, n’a pu avoir accès aux autographes. Du vivant de Caroline, on s’aperçoit que les manuscrits des grandes œuvres de Flaubert comme Salammbô, les Trois contes et Madame Bovary ont fait l’objet très tôt de la curiosité des critiques, ce qui n’est apparemment pas le cas du dossier manuscrit de L’Éducation sentimentale. Pourquoi ? Ce dossier était entreposé comme la plupart des autres manuscrits de Flaubert, dans la « grande armoire de chêne »18 du premier étage de la « villa Tanit », mais sans qu’aucun critique ne soit autorisé à le consulter, à l’exception de Louis Biernawski pour l’édition Conard en 192319. De plus, étrangement, un an avant cette édition, en 1922, A. Thibaudet faisait le constat suivant, dans la « note bibliographique » de la monographie qu’il consacre à Flaubert : « Les dessous de L’Éducation sentimentale sont encore mal connus. Ils sortiront peu à peu de l’inédit »20. Et, au même moment, on assistait à la discussion entre A. Thibaudet et M. Proust sur le style de Flaubert qui concentrait l’intérêt public sur L’Éducation sentimentale pour la première fois. À cette date, comme on a pu le voir, C. Franklin‑Grout avait déjà légué plusieurs des plus importants dossiers manuscrits flaubertiens à des institutions officielles et celui de L’Éducation sentimentale était toujours en sa possession. On peut donc se demander si la polémique autour du style de Flaubert n’a pas eu quelque influence sur le choix testamentaire de C. Franklin‑Grout. La nièce de Flaubert aurait‑elle douté de la qualité littéraire du roman parisien ? préférant ainsi laisser dans l’ombre un manuscrit qui, dans son esprit, aurait pu nuire à la mémoire de son oncle…
Une période de privatisation de plus de 40 ans
Quoi qu’il en soit, après la vente en 1931, commence une longue période de privatisation : le manuscrit autographe de L’Éducation sentimentale est la propriété personnelle de S. Guitry qui le conserve dans son hôtel particulier du 18 de l’avenue Élisée‑Reclu près du Champ‑de‑Mars. Certains proches et critiques ont eu le privilège de l’apercevoir21 et même, quelquefois, de prendre des notes. Dans sa communication pour la revue Europe au moment du centenaire de L’Éducation sentimentale, J. Suffel raconte, entre autres, comment il a pu, un quart de siècle plutôt, examiner le manuscrit, peu de temps avant la mort du comédien :
« En 1957, faisant un petit livre sur le grand romancier, l’idée me vint de demander à Sacha Guitry la permission de jeter un coup d’œil sur son manuscrit de Flaubert. (…) je pus feuilleter pendant deux ou trois heures ce grand ensemble réuni en six cartons. […] au cours de cette soirée où j’ai refeuilleté ces pages, cherchant à cueillir quelque morceau inédit, je ne pris presque aucune note, n’ayant pas réussi à trouver un passage assez typique pour être cité dans le modeste travail que j’avais entrepris. J’eus cependant la chance de rencontrer la première page, la première phrase ; j’en ai pris copie et c’est ce cours passage que j’ai publié »22
À la mort de Guitry, le 24 juillet 1957, ses héritiers (notamment sa veuve) conservent le manuscrit : une nouvelle période de privatisation commence et va durer jusqu’en 1975, date de son acquisition par la Bibliothèque Nationale. Entre‑temps, plusieurs ventes ont permis à quelques autographes, dispersés depuis la vente de 1931, de refaire surface, mais sans que des institutions officielles fassent la moindre proposition d’achat. Le 18 mars 194923, à l’Hôtel Drouot, de nombreuses notes autographes et fragments de manuscrits de L’Éducation sentimentale, ajoutés à un exemplaire du roman dédié à Olympe Bonnenfant, portant le numéro 37, furent vendus. Vingt ans plus tard, le 4 mars 1969, c’est la vente, chez Sotheby’s à Londres, d’une note autographe concernant le roman de 186924. Durant cette petite vingtaine d’années, quelques fragments autographes issus des deux lots de la vente de 1931 passent encore, comme on peut le constater, dans les ventes publiques. Par ailleurs, comment savoir si des pages de scénarios, plans, brouillons, notes, etc. de L’Éducation sentimentale, ayant appartenues à l’ensemble acquis par S. Guitry en 1931, n’ont pas été vendues par petits lots ?25 Il est assez peu probable que les héritiers Guitry aient dispersé des fragments de cet ensemble ; ce qui est sûr, c’est que, pendant près de 40 ans, soit entre 1931 (vente Franklin‑Grout) et 1975 (vente Sacha Guitry), le dossier de rédaction de L’Éducation sentimentale est resté à peu près inaccessible. Et, quelques critiques ont déploré cette situation. En 1950, Marie‑Jeanne Durry, professeur à la Sorbonne, écrivait :
« Il est triste que L’Éducation sentimentale, le roman où tant de « flaubertistes » attachent leur prédilection secrète n’ait pu être encore étudié dans cette évolution que seuls peuvent révéler des scénarios successifs, des ébauches, des brouillons. Qui nous rendra les deux mille pages de « brouillons, plans et esquisses » vendus en 1931 ? »26
L’acquisition du manuscrit autographe de L’Éducation sentimentale par la Bibliothèque Nationale en 1975
Un quart de siècle plus tard, en 1975, le vœu de M.‑J Durry finit par s’exaucer. Le manuscrit autographe de L’Éducation sentimentale réapparaît au moment de la vente à l’Hôtel Drouot de la collection d’autographes de S. Guitry, le 19 décembre 197527. Le manuscrit faisait partie du dernier lot de la collection : les autographes se présentaient sous la forme de six gros dossiers (plans, scénarios, notes et brouillons). Les négociations furent difficiles et le dossier fut acquis grâce à l’effort de la Bibliothèque Nationale, et surtout à l’appui financier du Président de la République de l’époque, Monsieur Valéry Giscard d’Estaing. Ces documents ont été préemptés et adjugés à la Bibliothèque Nationale pour la somme de 450 000 francs28. On ajoutera à cette acquisition, celle, deux ans plus tard, de plusieurs documents autographes de Flaubert venant compléter l’achat de 197529.
Le rôle du Président
On peut se demander pourquoi une « subvention spéciale » a été accordée par l’Élysée. En 1936, dans le journal Tout l’édition, du 24 octobre, Francis Ambrière s’interroge sur la place de Flaubert dans la bibliophilie contemporaine et, concernant L’Éducation sentimentale, il fait le constat suivant : « L’Éducation n’a pas encore la place qu’elle mérite dans les rangs des bibliophiles […] »30. Effectivement, comme on a pu le voir, même si dans les années 1920‑30, l’intérêt public se concentre sur L’Éducation sentimentale les bibliophiles lui préfèrent encore Madame Bovary. Ce n’est que bien plus tard, au moment où Flaubert tient une place importante sur la scène de la critique littéraire, que le roman de 1869 devient un texte « culte » et que sa valeur monte chez les collectionneurs, même si, du reste, un exemplaire de Madame Bovary a encore actuellement plus de valeur marchande. Il reste que, lorsque le manuscrit autographe est mis en vente à l’Hôtel Drouot en 1975, les prix flambent et la Bibliothèque Nationale, malgré la politique d’achat lancée dans les années 1960, souffre d’une insuffisance de moyens, et ne peut assurer seule l’acquisition du manuscrit. Il semblait donc impératif de faire appel à des fonds plus importants. Mais la demande de crédit exceptionnel ne s’est pas faite de manière officielle. C’est Roger Pierrot, à l’époque conservateur en chef du Département des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale, qui prit l’initiative de s’adresser personnellement à Valéry Giscard d’Estaing pour solliciter des fonds spéciaux. Pourquoi la présidence a‑t‑elle accepté d’accorder ce crédit exceptionnel de plusieurs centaines de milliers de francs ? Ce crédit n’est pas le premier qui ait été accordé par V. Giscard d’Estaing. Au moment où l’ancien Président était encore Ministre des Finances, il avait déjà aidé à l’acquisition du célèbre tableau de Georges de la Tour, Le Tricheur31. Mais la décision de 1975 est le signe d’un renversement : un moment de bascule où V. Giscard d’Estaing prend conscience que la politique du Patrimoine peut constituer une valeur politique qui deviendra claire en 1979‑1980. En 1974, lorsque V. Giscard d’Estaing devient Président, le patrimoine n’était pas encore devenu sa thématique privilégiée : il cherchait plutôt à promouvoir une « politique d’avenir »32. Alors en 1975, l’achat du dossier de L’Éducation sentimentale avec les fonds propres de l’Élysée marque un moment fort dans la politique que le président entend mener : la marque symbolique d’une revalorisation du passé, qui annonce « l’Année du Patrimoine », initiative lancée cinq ans plus tard, en 1980, par V. Giscard d’Estaing. Du reste, 1980, est également l’année du 100e anniversaire de la mort de Gustave Flaubert. L’effervescence critique que l’on connaît autour de l’auteur va de pair avec l’importance nouvelle accordée au Patrimoine. Une exposition est organisée au le Grand Palais autour des récents enrichissements du patrimoine national sous le patronage de l’Élysée. Quant à l’exposition organisée par la Bibliothèque Nationale pour le centenaire de la mort de Flaubert, elle est honorée de la présence du Président de la République : de nombreux autographes ont été rassemblés pour l’occasion et le manuscrit autographe de L’Éducation sentimentale y tient une place centrale, comme un hommage au crédit accordé par l’Élysée. Cependant, une autre variable, non plus politique mais personnelle doit être prise en compte. Comme François Mitterrand, qui accède à la présidence l’année suivante, V. Giscard d’Estaing fait partie de ces hommes politiques qui donnent encore une certaine place à la littérature et à l’art. Dans un entretien télévisé, qui eut lieu après cet épisode, V. Giscard d’Estaing déclara qu’en dehors de sa carrière politique, le seul autre destin qu’il aurait aimé avoir aurait été celui d’être un écrivain de la trempe de Guy de Maupassant : une façon indirecte, vraisemblablement, de se présenter comme le fils de Flaubert. Et, la petite histoire raconte que, pour son plaisir personnel, V. Giscard d’Estaing aurait demandé la faveur, après la vente publique de 1975, de disposer pendant une semaine du manuscrit pour pouvoir s’y plonger à loisir…
Le manuscrit un objet scientifique
On remarque également une coïncidence de date : au moment où le président commence son septennat, le Centre Nationale de Recherche Scientifique (CNRS) et Louis Hay créent le Centre d’Analyse des Manuscrits Modernes (CAM)33. Cette structure rassemble plusieurs groupes de chercheurs travaillant sur différents dossiers (Heine, Flaubert, Proust, Zola, etc.). L’année suivante, en 1975, le CAM signe des conventions, s’associe à l’École Normale Supérieure (ENS) et, deux ans plus tard, à la Bibliothèque Nationale. Entre‑temps, les recherches entreprises sur les manuscrits amènent certains écrivains à faire don de leurs autographes : c’est le cas de Louis Aragon qui, en 1976, lègue la totalité de ses manuscrits et ceux d’Elsa Triolet au CNRS, à condition que ce dernier confie leur exploitation scientifique au CAM (ce qui a, par ailleurs, valu au CAM de s’installer, en 1977, au 61 de la rue Richelieu). Par conséquent, au moment où le manuscrit de L’Éducation sentimentale entre à la Bibliothèque Nationale, l’objet « manuscrit » a pris un tout autre statut : d’objet de collection, il est en train de devenir un véritable objet d’investigation scientifique.
« Une voie désormais grande ouverte aux recherches »
Entre 1982 et 1983, Alan Raitt publie, dans L’Information Littéraire, un « État présent des études sur Flaubert »34. Dans la partie consacrée aux études sur L’Éducation sentimentale, le critique conclut par cette question : « Qu’est ce que l’avenir réserve aux études flaubertiennes ? » à laquelle il répond quelques lignes plus loin :
« Une des directions de ses travaux est déjà évidente, c’est une exploration plus systématique des manuscrits. (…) Quoi qu’il en soit il demeure certain que l’étude des manuscrits est une voie désormais grande ouverte aux recherches, surtout depuis l’acquisition et le classement, par la Bibliothèque Nationale, des scénarios et brouillons pour L’Éducation sentimentale »35
Effectivement, lorsqu’en 1975 la Bibliothèque Nationale acquiert l’imposant manuscrit autographe de L’Éducation sentimentale, il se crée une véritable fracture dans la connaissance du texte flaubertien, et l’étude des manuscrits prend de plus en plus d’importance dans le champ de la critique littéraire. Au moment où A. Raitt rédige cet état présent, on est au début des années 1980 et la génétique littéraire s’impose, à peine, sous le nom de « critique génétique ». En 1982, le CNRS transforme le CAM en laboratoire propre qui prend le nom d’Institut des Textes et Manuscrits Modernes (ITEM). Et, quatre ans auparavant, en 1978, plusieurs chercheurs s’étaient regroupés autour des manuscrits flaubertiens en créant l’équipe Flaubert.
État présent et Bilan historique
Objectifs
Il existe dans la critique flaubertienne une tradition des « états présents » et des « bilans bibliographiques » sur l’auteur. En 1912, Louis Demorest et René Dumesnil36 ont publié les premières études bibliographiques flaubertiennes. Par la suite, deux importants « états présents » sur Flaubert sont parus dans L’Information littéraire : en 1957, Pierre Moreau publie un « État présent de notre connaissance de Flaubert »37 et, comme on a pu le voir, près d’un quart de siècle plus tard, en 1983, Alan Raitt fait paraître un second état présent sur les études flaubertiennes pour la période (1957‑1982). Quinze ans plus tard, en 1996, on doit au chercheur D. Williams une nouvelle synthèse des études flaubertiennes : « Introduction : Flaubert studies, 1983‑1996 »38. Depuis l’état présent d’Alan Raitt, soit depuis une vingtaine d’année, notre connaissance de Flaubert et de son oeuvre s’est transformée et, Williams l’a bien montré, la recherche génétique a pris une importance telle, qu’un nouvel « état présent » sur Flaubert consacré pour une large part aux études de genèse s’impose. La production critique est énorme : l’inventaire raisonné serait considérable. Dans « l’état présent » que nous proposons ici, il ne s’agit donc pas de balayer l’ensemble de l’œuvre de Flaubert, mais d’étudier la réception génétique d’une seule de ses oeuvres : L’Éducation sentimentale de 1869.
Une des difficultés majeures a été l’absence de modèle. Effectivement, dans l’état actuel des choses, il n’existe aucun bilan de ce type. Créer un état présent des études de genèse sur le corpus manuscrit d’une œuvre suppose donc une présentation et un inventaire raisonnés qui puissent rendre compte, non seulement des travaux sur le dossier manuscrit, mais aussi de la multiplicité des approches, méthodes et perspectives critiques.
S’agissant de comprendre à la fois où en sont aujourd’hui, c’est‑à‑dire en 2005, les études de génétiques sur L’Éducation sentimentale, mais aussi d’interpréter le mouvement par lequel l’intérêt critique pour les manuscrits de Flaubert a débuté très tôt, à vrai dire, dès sa disparition, nous avons été amenés à déborder très largement du cadre strict de l’ « état présent » traditionnel pour envisager toute l’histoire qui, de 1880 à aujourd’hui, a conduit les flaubertiens à ce que l’on appelle depuis trente ans, la génétique du texte. Aussi, notre démarche s’inscrit‑elle moins dans la droite ligne des « états présents » déjà réalisés par A. Raitt et ses prédécesseurs sur l’œuvre flaubertienne, qu’elle ne l’a complète. Cette exploration de l’histoire des rapports de la critique aux manuscrits de L’Éducation sentimentale a révélé une abondance considérable de contributions qui peut être considérée comme un ensemble à part entière. Nous n’avons donc pas tenté de répertorier les études critiques entreprises sur la version publiée du roman, à l’exception de celles qui font un usage ponctuel et pertinent des manuscrits. En revanche, en ce qui concerne les études de genèse, proprement dites, nous avons suivi une règle d’exhaustivité : nous nous sommes efforcées de tenir compte de toutes les publications, y compris en langues étrangères. Cette exhaustivité s’est néanmoins limitée aux travaux strictement consacrés à L’Éducation sentimentale et, il va de soi, que la plupart des chercheurs cités dans cet état présent sont à l’origine d’autres publications, soit sur des notions de critique génétique, soit sur d’autres dossiers ou œuvres de Flaubert, soit sur d’autres corpus39. Pour l’investigation initiale, nous avons, entre autres, bénéficié des inventaires établis par Odile de Guidis, puis par Martine Mesureur‑Ceyrat, pour l’Équipe Flaubert de l’Institut des Textes et Manuscrits Modernes (ITEM)40 : la Bibliographie des études génétiques sur Flaubert ; la Bibliographie des études sur Flaubert en quatre volumes41 de David Colwell, ainsi que la synthèse des études sur Flaubert réalisée par D. A. Williams42. D’autres bibliographies, que l’on trouve notamment à la suite d’ouvrages critiques ou d’éditions du texte établi par des spécialistes (Kazuhiro Matsuzawa, Peter Michael Wetherill) ainsi que la totalité des indications bibliographiques actuellement disponibles en ligne, ont permis, en principe, de ne rien laisser d’essentiel échapper à la recherche. Mais, bien entendu, notre investigation n’en est pas restée à une simple exploration bibliographique : chaque ouvrage, chaque article a fait l’objet d’une lecture assez attentive pour autoriser une note de synthèse des contenus, une évaluation de l’importance de la contribution et l’interprétation historique des évolutions critiques qui ont eu lieu entre 1880 et 2005.
Amplitude du projet et difficultés méthodologiques
Au total, le projet de cette recherche, qui s’était initialement présenté comme un simple « état présent » des études de genèse sur L’Éducation sentimentale, s’est transformé en un véritable bilan historique couvrant plus d’un siècle de recherche universitaire. En effet, alors que les « états présents » critiques traditionnels peuvent toujours se fonder sur des bilans antérieurs pour se borner à inventorier les dix ou quinze dernières années de travaux, nous nous trouvions en face d’un problème d’un autre type : démêler, dans la masse des études critiques sur L’Éducation sentimentale, ce qui a constitué l’archéologie d’une tradition spécifique, celle de l’étude des manuscrits. Pour comprendre et établir avec clarté la nouveauté des recherches entreprises par la critique génétique, encore fallait‑il revenir aux toutes premières étapes d’une histoire qui est à la fois celle d’une approche interprétative particulière et celle de l’accessibilité matérielle des documents. Progressivement, il est donc apparu que cet « état présent » ne serait concluant qu’en prenant la peine de devenir préalablement une véritable histoire du rapport critique aux manuscrits de L’Éducation sentimentale.
Une masse considérable de documents
Le problème initial de cette recherche a, bien entendu, été, avant tout, la taille considérable du corpus critique qu’il s’agissait d’analyser. En ne tenant compte que des inventaires réalisés par O. de Guidis et des catalogues des Nouvelles Acquisitions Flaubert mis en ligne sur le site de l’ITEM par M. Mesureur‑Ceyrat (entre 2002 et 2005)43, pour les seules études de genèse sur le dossier manuscrit de L’Éducation sentimentale, c’est un peu plus d’une centaine d’articles et près d’une dizaine d’ouvrages (portant intégralement ou en partie sur le dossier manuscrit du roman parisien) : soit près de 4000 pages qui ont été soumises à une lecture intensive et quelquefois même à un travail de traduction (car la plupart des publications étrangères, près de 20 % de l’ensemble, n’ont pas de traduction). À cette masse, déjà impressionnante, d’articles et d’ouvrages, s’ajoutent certaines éditions du texte présentant à l’évidence une contribution génétique ou manuscriptologique, et un nombre important de documents annexes (comme la Correspondance). Au total, près de 3000 ou 4000 pages supplémentaires de corpus. C’est donc environ sur 8000 pages de textes interprétatifs ou éditoriaux publiés que cette recherche a portés.
Un problème de présentation
Un second problème s’est posé pour l’investigation et la présentation des résultats. L’abondance critique des études sur les manuscrits de L’Éducation sentimentale présentait plusieurs possibilités de mise en ordre logique, notamment d’un point de vue thématique en classant les travaux selon les thèmes et les objets étudiés. Mais cette solution n’en était pas une puisqu’elle ne permettait pas de se représenter le rapport critique au corpus des manuscrits, ni l’évolution historique de ce rapport. D’autre part, à la différence des états présents traditionnels de la critique, qui s’équilibrent sur l’opposition du nouveau dans les éditions des textes, du nouveau dans l’interprétation, nous nous trouvions en face d’un dispositif beaucoup plus complexe : du nouveau dans l’avant‑texte, mais quel avant‑texte ? quoi dans l’avant‑texte ? quels types de documents génétiques ? quelles parties des brouillons ? ou des plans ? ou du dossier documentaire ? etc. La simple réalité extrêmement diversifiée de ces objets impliquait un minimum de mise en ordre typologique. Mais le plus difficile était de rendre également visible l’évolution des travaux, les étapes, les moments fondamentaux d’une histoire critique qui reste dépendante de l’accessibilité à son objet : quelles recherches étaient possibles avant qu’on ne dispose du dossier des brouillons ? en quoi l’acquisition du dossier des autographes rédactionnels (1975) a fait basculer l’histoire de ces études ? comment ce hiatus, par les hasards de la chronologie, a‑t‑il été contemporain d’une innovation méthodologique : l’apparition de la critique génétique comme mouvement et méthodes de recherche. Nous avons donc opté pour un plan chronologique qui tente de rendre compte de l’évolution des études sur le manuscrit de L’Éducation sentimentale. De part et d’autre de la date pivot 1975, nous avons défini quatre grands ensembles chronologiques : le premier s’étale sur près d’un siècle, de 1880 à 1975, et les trois autres, qui correspondent à une période d’accélération de l’histoire critique, sont décennaux : 1975‑1985, 1985‑1995 et 1995‑2005. Chaque partie contient une introduction historique, un inventaire critique et détaillé des études de genèse, un bilan critique44 qui tente de synthétiser l’effet global des travaux réalisés au cours de la période, une base chrono‑bibliographique et un tableau récapitulatif et critique des études de genèse publiées au cours de la décennie. Les notes (fort nombreuses) informent sur la référence bibliographique du document commenté et proposent des réflexions personnelles, des rapprochements, des rappels sur les recherches antérieures portant sur le même objet. Cette recherche sur 125 années de production critique donne une image à la fois contrastée et cumulative des travaux sur la genèse de L’Éducation sentimentale. L’investigation aboutit à ce que l’on pourrait désigner, comme, à proprement parler, « l’état présent » du dernier chapitre, la période (1995‑2005). Mais l’exploration globale effectuée nous a également permis de dresser un bilan général des acquis et des lacunes qui constituent la dernière section de cette étude : ce qui a été réalisé sur le dossier de genèse de L’Éducation sentimentale, ce qui reste à faire, ce qui est à refaire. Notre espoir est que l’effort de clarification permettra aux chercheurs à venir de trouver plus clairement leur objet et leur voie dans la grande étendue des domaines qui, pour la genèse de L’Éducation sentimentale, restent encore, à ce jour, inexplorés.
Vers une typologie des études de genèse
Conformément aux méthodes envisagées dans la génétique des textes, on a distingué les études microgénétiques qui font une lecture génétique intégrale quasi‑microscopique d’un petit segment textuel et les études macrogénétiques qui s’intéressent à des phénomènes transversaux de plus grande amplitude, comme la structure des plans et scénarios, les métamorphoses des grandes unités narratives, les études de personnages ou encore les études thématiques. Mais en travaillant à l’inventaire des études de genèse sur L’Éducation sentimentale, on s’est vite aperçu de l’insuffisance de la seule distinction entre études microgénétiques et études macrogénétiques. En effet, plusieurs études de genèse utilisent les deux modèles et font un usage des brouillons qui ne permet pas de trancher entre l’une ou l’autre de ces deux catégories. On a donc été amenée à créer une typologie plus fine qui soit capable de déterminer la nature de chaque étude recensée. En outre, certaines études adoptent une approche que l'on pourrait qualifier de « tout génétique », d’autres peuvent se servir du manuscrit de manière plus ponctuelle et plus relative en intégrant, par ailleurs, des éléments de critique textuelle. On a donc commencé par distinguer deux grands ensembles : les études à composante génétique qui sont des études dans lesquelles on trouve des références limitées aux manuscrits. Elles se distinguent des études à dominante génétique qui visent principalement l’étude du dossier de genèse. Mais l’idée même de genèse, au sens contemporain du terme, est une notion récente qui ne prend naissance explicitement qu’au cours des années 1970 et il était nécessaire que cette typologie intègre également cette dimension historique. Chaque étude à composante ou à dominante génétique a donc été ensuite inventoriée en fonction de sa perspective, soit philologique (étude génétique ancienne) soit génétique au sens propre. Notons que la perspective philologique ne vaut que pour les études qui ont été entreprises sur le dossier manuscrit de L’Éducation sentimentale avant 1975‑1980. Enfin il semblait également utile de distinguer les travaux selon l’étendue et la nature de leurs rapports aux manuscrits. On a distingué quatre types d’études de genèse : les études ponctuelles microgénétiques ; les études multiples microgénétiques ; les études multiples macrogénétiques ; et les études globales macrogénétiques.
Les études ponctuelles microgénétiques font l’analyse d’un segment, d’un passage du texte ou d’une scène particulière. Il s’agit d’études qui s’en tiennent aux limites de la phrase et du paragraphe : les éditions verticales partielles45 du dossier de genèse appartiennent à cet ensemble.
Les études multiples microgénétiques ont pour objet soit un thème, soit un personnage analysé dans un chapitre ou une partie du roman en se donnant pour espace d’investigation un type précis de documents génétiques : Paris dans les Carnets, par exemple. Ces études sont dites multiples parce qu’elles se réfèrent à plusieurs segments du manuscrit et microgénétiques parce qu’elles limitent leur investigation à un objet délimité dans un type de document génétique spécifique, en procédant à l’analyse de segments fins.
Les études multiples macrogénétiques portent sur un objet (thèmes, procédés, personnages, etc.) en s’intéressant à l’ensemble du roman et à la totalité de la genèse (plans, scénarios, brouillons, dossiers documentaires, etc.) Ces études portent sur des segments appartenant à l’ensemble du dossier de genèse ou à l’un de ces composants.
Quant aux études globales macrogénétiques, elles analysent les mécanismes d’écriture comme les structurations d’ensembles, les métamorphoses des grandes unités narratives : les Carnets de travail ; le classement des plans et scénarios.
Pour ne pas embarrasser l’exposé, on a choisi de répertorier chaque publication selon son appartenance à ces catégories mais sans se livrer à une étude typologique comparée des différentes contributions que l’on trouvera synthétisée sous la forme d’un tableau récapitulatif fourni à la fin de chacun des trois derniers chapitres. On a estimé pour la première période (1880‑1975) que cette typologie évidemment issue de la critique génétique aurait été anachronique et n’avait pas lieu d’être appliquée. Par conséquent, on ne trouvera pas de tableau critique et récapitulatif des études pour cette période.
Base chrono‑bibliographique
La base chrono‑bibliographique, que l’on trouve en annexe pour chaque période étudiée, a pour but de fournir les éléments utilisés pour cette étude sur l’approche génétique du manuscrit de L’Éducation sentimentale. On y trouve les repères concernant les publications des documents génétiques à proprement parler (plans, scénarios, notes, documentation autographe, ébauches, brouillons, mises au net) ainsi que les éditions de documents et témoignages annexes (la Correspondance de Flaubert, les lettres croisées, les sources documentaires et les témoignages de contemporains)46. On y trouve également l’ensemble des travaux interprétatifs effectués sur le manuscrit de L’Éducation sentimentale (articles, ouvrages, communications, recueils collectifs, revues) ou sur le dossier documentaire (sur des documents spécifiquement « génétiques » et sur des documents « annexes »), et un choix sélectif d’éditions critiques du texte en Œuvres complètes et en édition isolées lorsqu’elles contiennent des notes et des « variantes » en manifestant un intérêt aux manuscrits (références, commentaires, reproductions photographiques, transcriptions, etc.)47 Outre la référence aux publications, on a également essayé de fournir les repères chronologiques principaux concernant les moments forts de la recherche flaubertienne, non seulement les événements culturels et intellectuels mais aussi commerciaux (vente de manuscrits) qui ont animé ces 125 ans d’histoire : commémorations, colloques, journées d’études, ventes publiques, expositions, etc. Enfin, pour plus de lisibilité, on a choisi de faire précéder chaque occurrence d’un sigle donnant, en abrégé, son identification générique. On a retenu dix‑huit types d’occurrences :
AC : Article critique
BHVP : Bibliothèque Historique de la Ville de Paris
BMR : Bibliothèque municipale de Rouen
BN : Bibliothèque Nationale de France
ACD : Accessibilité des documents de genèse (Prêts à la consultation)
COLL : Colloque (Flaubert, L’Éducation sentimentale, critique génétique)
COM : Commémoration
DAT : Document « annexe » ou témoignage appartenant au dossier manuscrit
EM : Édition de manuscrits
ET : Édition du texte en Œuvres complètes et/ou isolée
EV : Événement culturel et/ou scientifique
EX : Exposition
LEG : Legs de documents génétiques (exclusivement L’Éducation sentimentale)
MEM : Mémoire de maîtrise et/ou de D.E.A (exclusivement centré sur les manuscrits de L’Éducation sentimentale)
OC : Ouvrage critique
TH : Thèse (exclusivement centrée sur les manuscrits de L’Éducation sentimentale)
VEN : Vente de manuscrits (exclusivement L’Éducation sentimentale)
WEB : Mis en ligne d’autographes (édition électronique des manuscrits, « dossier annexe » (ex : Correspondance)
1 Je tiens à remercier Sabine Pétillon pour sa relecture et ses corrections minutieuses qui ont permis d’améliorer la qualité de ce mémoire.
2 « J’appelle ma maison la Villa Tanit à cause de la déesse (…) ». Propos de Caroline Franklin-Grout extraits de son entretien avec la romancière américaine Willa Carter, relaté par Lucie Chevalley-Sabatier dans Flaubert et sa nièce Caroline, « La Pensée Universelle », 1971, p. 202.
3 Lottman, Herbert. R, Gustave Flaubert, traduit de l’anglais (États‑Unis) par Marianne Véron et préface de Jean Bruneau, publié avec le concours du Centre National des Lettres, Chapitre III, « Œuvres », éd. Fayard, Paris, 1989, pp. 501‑509.
4 Signalons que Bibliothèque Nationale ne prendra le nom de Bibliothèque nationale de France qu’à partir de 1991. Jusqu’à cette date, je préfère donc garder le nom de Bibliothèque Nationale pour la période d’avant 1991 afin d’éviter tout anachronisme.
5 Lorsque, le 11 mai 1931, Caroline Franklin‑Grout fait don du dossier manuscrit de Salammbô et des Trois contes à la Bibliothèque Nationale, la note « G. Flaubert est mort le 8 mai 1880 » n’est pas anodine. Elle stipule que pour exploiter les dossiers de son oncle, il faudra attendre le 50e anniversaire de sa mort, soit le 9 mai 1930, date à laquelle l’œuvre de Flaubert doit rentrer dans le domaine public. Comme l’explique Jean Bruneau, il s’agit certainement d’une façon de ne pas dévaluer ses « trésors » en les rendant trop aisément accessibles (« Préface de Jean Bruneau » in Chevalley‑Sabatier, Lucie, Flaubert et sa nièce Caroline, op. cit, p. 10).
6 Voir infra « Introduction » in Premières approches du dossier manuscrit de L’Éducation sentimentale (1880‑1975).
7 Catalogue de vente : Succession de Mme Franklin‑Grout‑Flaubert. Catalogue des meubles, objets d’art, livres, garnissant la villa Tanit…, projets, notes, cahiers, manuscrits de G. Flaubert, livres dédicacés… (Vente à Antibes, « Villa Tanit », 28‑30 avril 1931, Me Léon Mertelly, notaire à Antibes), Nice, R. Morot, 1931 (426 nos).
8 L’argent de ces deux ventes historiques de 1931 fut reversé aux filles de Mme Franklin‑Grout‑Sabatier (sœur du second mari de Caroline) et à trois descendants du côté de Caroline.
9 Vente à Paris, « Hôtel Drouot », 18‑19 novembre 1931. Me F. Lair‑Dubreuil et Me Raymond Warin, commissaires‑priseurs, Paris, R. Morot, 1931 (236 nos).
10 SUFFEL, Jacques, « Sur les manuscrits de L’Éducation sentimentale » in Colloque Gustave Flaubert, Rouen, avril 1969. Actes publiés dans la revue Europe, revue mensuelle, 47e année, n° 485‑486‑487, septembre‑octobre‑novembre, 1969, pp. 5‑22.
11 En 1959, une petite partie de ces documents a été vendue à l’Hôtel Drouot et adjugée à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris pour la somme de 60 000 francs. Voir infra « Introduction » in Premières approches du dossier manuscrit de L’Éducation sentimentale (1880‑1975). Remarquons qu’une étude comparée des prix de ces manuscrits ramenés à une valeur constante fournirait des indications intéressantes sur l’intérêt porté par les collectionneurs et les institutions à ces documents.
12 PIERROT, Roger, Gustave Flaubert, Exposition du centenaire, Bibliothèque Nationale, novembre 1980‑février 1981, avec une préface et des notes de Roger Pierrot, assisté de J. Lethève, A. Herschberg Pierrot, F. Jestaz et M. Brunet, pp. XI‑XII.
13 BIASI, Pierre‑Marc (de), « Enquête sur le destin d’un manuscrit » dans BIASI, P.‑M (de), Gustave Flaubert, Carnets de travail, édition critique et génétique établie par P.‑M de Biasi, Balland, 1988, pp. 15‑27.
14 La polémique sur le style de Flaubert a commencé avec un article d’Albert Thibaudet, publié en mars 1919, dans la Nouvelle Revue Française, sous le titre « Le style de Flaubert ». Le critique souligne, entre autres, l’aspect non académique du style de Flaubert. Quelques mois plus tard, en janvier 1920, Marcel Proust lui répond, dans la même revue, avec un article paru sous le titre « À propos du style de Flaubert » dans lequel il prend le parti de l’auteur de L’Éducation sentimentale. Entre‑temps, la polémique s’engage sur la grammaire de Flaubert avec l’article de Louis de Robert, paru pendant l’été 1919, sous le titre provocateur « Flaubert savait‑il écrire ? Flaubert écrivait mal » auquel Paul Souday répond, dans le périodique La Rose Rouge du 14 août 1919, en prenant la défense de Flaubert.
15 À ce sujet, remarquons que, pour le dossier manuscrit de L’Éducation sentimentale, contrairement à la plupart des dons fait en 1914, la nièce de Flaubert a préféré disperser le corpus entre plusieurs lieux de conservation.
16 Lors de sa parution, le 17 novembre 1869, le roman de L’Éducation sentimentale n’eut pas le succès attendu. L’œuvre fut violemment rejetée par la critique (Barbey d’Aurévilly, Francisque Sarcey, Cuvillier‑Fleury) à quelques exceptions près. En 1932, le périodique Le Manuscrit autographe a publié une reproduction photographique du service de presse établi par Flaubert pour son roman parisien. Comme le montre René Dumesnil, en introduction de son édition du roman (Belles‑Lettres, 1942), au total, sur les cinquante‑deux noms de proches de Flaubert, qui comptent parmi eux écrivains et critiques, seuls Georges Sand, Émile Zola et Théodore de Banville ont publié des articles particulièrement élogieux sur le roman. Si certains ont répondu accusé de réception du livre d’autres (près de la moitié) n’ont même pas pris la peine de le faire : Flaubert a fait suivre plusieurs noms de la mention « rien » ou « néant ».
17 Chevalley‑Sabatier, Lucie, Flaubert et sa nièce Caroline, op. cit., chapitre XII, pp.175‑208.
18 Steckel, Henri, « Le véritable musée de Flaubert, la « Villa Tanit » à Antibes » in Le Monde Illustré, 13 juin 1908, pp. 398‑399 : « (…) Je les ouvre l'un après l'autre, ces manuscrits précieux, j'en tourne les pages avec lenteur, sans pouvoir me lasser de les parcourir. Quelle joie inoubliable de retrouver là, écrite par lui-même, d'autant plus vivante et comme frémissante encore de l'effort douloureux qui la réalisa, la hautaine pensée du maître tant de fois déchiffrée dans ses livres. C'est vraiment, aujourd'hui, quelque chose de lui-même qu'il m'est donné de contempler. Et, tandis que je manie avec dévotion ces feuillets couverts d'une écriture nerveuse et rapide, j'évoque les grand cabinet de Flaubert à Croisset, le vaste silence de ses nuits laborieuses qu'il emplissait, à intervalles, du fracas de son gueuloir légendaire martelant quelque période éclatante et cadencée... (…) » Une partie de cet article est consultable sur le site Gustave Flaubert du centre « Flaubert » de Rouen sous le titre « Les manuscrits de Flaubert à la villa Tanit d’Antibes ».
19 Voir infra « L’édition Conard (1923), premiers aperçus du manuscrit » in Premières approches du dossier manuscrit de L’Éducation sentimentale (1880‑1975).
20 Thibaudet, Albert, Gustave Flaubert, édition Gallimard, coll. « Tel », Paris, 1935, p. 303. Nous citons le texte de la réédition. (Première édition Gallimard en 1922).
21 Castan, Raymond, Sacha Guitry, édition De Fallois, 1993, Paris.
22 SUFFEL, J. « Sur les manuscrits de L’Éducation sentimentale » in Colloque Gustave Flaubert, Rouen, avril 1969, op. cit., pp. 5‑22.
23 Cette vente a été relevée par Marie‑Jeanne Durry dans son livre, Flaubert et ses projets inédits, Nizet, Paris, 1950, en note, p. 201. Pour le détail, voir également le catalogue de la vente à l’Hôtel Drouot « Autographes et beaux livres anciens et modernes », vendredi 18 mars 1949, salle n° 8, commissaire‑priseur, Me Etienne Ader.
24 Il s’agit d’un fragment autographe (écrit d’un seul côté) qui concerne l’épisode où Monsieur Dambreuse a le projet d’offrir à Frédéric le poste de secrétaire général de l’Union des Houilles (II, 3). Voir infra, Bibliographie génétique de L’Éducation sentimentale.
25 À moins, pour les ventes publiques, de consulter tous les catalogues de vente entre 1958 et 1975 (Drouot, Sotheby’s, Christie’s…).
26 DURRY, M.‑J, Flaubert et ses projets inédits, op. cit., p. 201. Notons à quel point la formation de M.‑J Durry est proche d’un programme génétique.
27 Nous tenons ses informations d’une communication de Madeleine Cottin, à l’époque conservatrice à la BN, pour le numéro 3 du Bulletin du Bibliophile de l’année 1975 (p. 489). Cependant, il est étrange qu’aucune mention de la vente du manuscrit autographe de L’Éducation sentimentale n’ait été faite dans le catalogue de vente de l’Hôtel Drouot du vendredi 19 décembre 1975 (salle n° 10) portant le titre « Autographes et documents historiques, collection Sacha Guitry dernière partie ».
28 Cottin Madeleine, « Le manuscrit primitif de L’Éducation sentimentale » dans Bulletin du bibliophile, fascicule 1, 1977, p. 40. La conservatrice précise le montant d’après les informations données dans la presse de l’époque.
29 Ce petit dossier, portant les numéros 31 et 32, s’est également trouvé préempté et adjugé à la Bibliothèque Nationale pour la somme de 9200 francs. (Voir le catalogue de vente de l’Hôtel Drouot du 15 novembre 1977 « Bibliothèque d’un amateur, troisième partie, manuscrits et autographes littéraires, provenant du cabinet d’un amateur », salle n° 11, Me P. Chrétien et J. Chrétien).
30 AMBRIERE, Francis, « Histoire des œuvres de Flaubert après sa mort » dans Tout l’édition, 24 octobre 1936.
31 AICARDI, Maurice, « Préface » dans Cinq années d’enrichissement du Patrimoine national (1975‑1980), Donation, Datations, acquisitions, exposition organisée du 15 novembre 1980 au 2 mars 1981, dans le cadre de « l’Année du patrimoine » par la Réunion des Musées Nationaux avec le concours des services techniques du Musée du Louvre et des Galeries Nationales du Grand Palais. Cette exposition est placée sous le haut patronage du Président de la République et du Ministère de la Culture et de la Communication (éd. De la Réunion des Musées Nationaux), p. XIV.
32 Dans cet esprit, l’empreinte du passé (notamment le XIXe siècle et le souvenir de la Seconde Guerre Mondiale) représente une barrière pour le futur. Aussi, V. Giscard d’Estaing engage‑t‑il, comme on sait, pendant les premières années de son septennat, une politique de rupture avec les marques du passé. Il supprime la commémoration du 8 mai 1945, et impose des délais pour la consultation des Archives Nationales. En fait, ce n’est que vers 1977‑1979 que V. Giscard d’Estaing engage une politique de valorisation du Patrimoine (pour répondre sans doute au malaise de la conscience historique des Français). En 1979, il accorde avec le gouvernement une subvention annuelle de 3 millions de francs pour l’achat de documents d’intérêt. Quelques années plus tard, il décide de mettre en place un plan de sauvegarde des « documents en périls » et, c’est une subvention de plusieurs millions de francs qu’il accorde, quelque temps après, au Service de la Conservation et de l’Atelier Central de Restauration de la Bibliothèque Nationale.
33 Pour l’histoire de cette formation, on se réfèrera, notamment, aux articles de : Biasi, P.‑M (de), « L’analyse des manuscrits et la genèse de l’œuvre » dans Encyclopédia Universalis, Symposium, vol. 2, pp. 924‑937 ; « La fondation de la critique génétique » dans La Génétique des textes, coll. « 128 », Nathan, Paris, 2001, pp. 27‑28 ; Lebrave, Jean‑Louis, « La critique génétique : une discipline nouvelle ou un avatar moderne de la philologie ? » dans Genesis, manuscrits, recherche, invention, Jean‑Michel Place, Archivos, n° 1, 1992, pp. 33‑72.
34 Raitt, Allan, « État présent des études sur Flaubert » dans L’Information littéraire, n° 5, novembre‑décembre 1982, pp. 198‑205 ; n° 1, mars‑avril 1983, pp. 18‑25.
35 Ibid., n° 1, pp. 24.
36 Demorest, Louis et Dumesnil, René, « L’Éducation sentimentale » dans Bibliographie de Gustave Flaubert, Giraud‑Badin, 1937, pp. 162‑204. (Tirage à part des articles publiés de 1933 à 1939 dans le Bulletin du bibliophile). On y trouve notamment l’étude et le classement des corrections établies par Flaubert pour l’édition définitive de L’Éducation sentimentale publiée chez G. Charpentier en 1879. Voir infra, Bibliographie génétique de L’Éducation sentimentale « Les éditions du vivant de l’auteur ».
37 Moreau, Pierre, « État présent de notre connaissance de Flaubert » dans L’Information littéraire, 1957, pp. 93‑105. (Repris dans The present state of french studies, 1971, pp. 543‑567).
38 Williams, David Anthony, « Introduction : Flaubert studies, 1983‑1996 » dans New approaches in Flaubert studies, edited by David Anthony Williams and Mary Corr, Lampeter, Ceredigion, Wales, The Edwin Mellen Press, Itd, coll. « Studies in French Literature », vol. 34. 1996, pp. 1‑31.
39 Sur le site de l’ITEM (www.item.ens.fr), on peut consulter la bibliographie de chaque membre de l’équipe Flaubert.
40 Guidis, Odile (de), Bibliographie des études génétiques sur Flaubert, ITEM‑CNRS, « Programme Flaubert », Paris, (bibliographie corrigée en septembre 2000) ; Bibliographie des études critiques et génétiques sur L’Éducation sentimentale (bibliographie corrigée en 2001). Dans ces bibliographies, toutes les références correspondent aux ouvrages et articles conservés dans le Centre de documentation de l’équipe Flaubert de l’ITEM.
41 Colwell, David, J., Bibliographie des études sur Flaubert, 4 volumes, (1837‑1920, 1921‑1959, 1960‑1982, 1983‑1988), Runnymede Books, RHBNC, Egham, Surrey, England, TW20 OEX, 1990. Colwell a complété son travail en 1999 en établissant une bibliographie sélective des travaux réalisés sur Flaubert et son œuvre pour la période (1989‑1997) : voir COLWELL, David, J, « Bibliography : Flaubert studies 1989‑97 » in New approaches in Flaubert studies, op. cit., pp. 207‑234.
42 Williams, David Anthony, « Introduction : Flaubert studies, 1983‑1996 » in New approaches in Flaubert studies, op. cit., pp. 1‑31.
43 Une liste des nouvelles acquisitions de l’équipe Flaubert de l’ITEM paraît chaque année, depuis 2002, sous format électronique et papier (disponible à l’ITEM).
44 Exception faite de la dernière décennie qui nous amène au seuil de l’année 2005.
45 Selon la terminologie établie par P.‑M de Biasi (cf. La Génétique des textes, op. cit., 128 p.)
46 En ce qui concerne la Correspondance en Œuvres complètes, nous faisons figurer seulement les volumes relatifs à la période de rédaction de L’Éducation sentimentale (1864‑1869). Il s’agit d’un choix par économie qui se concentre sur le témoignage direct qu’offre la Correspondance sur la phase d’écriture. Au demeurant, nous n’oublions pas l’importance des lettres antérieures (sur la naissance du projet) et postérieure (sur d’éventuelles confidences de l’auteur au sujet de la genèse de l’œuvre).
47 Pour une liste intégrale des éditions isolées de L’Éducation sentimentale depuis les éditions du vivant de l’auteur (Lévy, Charpentier) jusqu’à l’année 2005, voir infra, Bibliographie génétique de L’Éducation sentimentale.