Séminaire :
Séminaire général de critique génétique / 2016-2017Séminaire :
Séminaire général de critique génétique /2016-201722/03/2017, Salle des Résistants, Ecole normale supérieure, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris
En ce qui concerne le roman en vers Eugène Onéguine, le travail créateur de Pouchkine était étrangement ouvert et fluide pendant la période de sa genèse, entre 1824 et 1831. Au cours de ces années il fit paraître les chapitres du roman final en brochures separées, aussi bien que des morceaux importants du texte qu’il finit par écarter de la première édition d’Onéguine, qui vit le jour en 1833. Mais cette première édition, loin d’obscurcir les traces de sa création (comme les textes variantes ou bien les épisodes parallèles), les exalta: le poème reste célèbre pour ses lacunes, ses contradictions, ses détails inexpliqués et ses allusions métatextuelles à sa propre composition et genèse. Ces tours de passe-passe laissent deviner ainsi l’existence d’un autre Eugène Onéguine. Les chapitres abandonnés que Pouchkine publia séparément et fit circuler en manuscrit, et aussi certaines traces dans le matériel paratextuel nous permettent d’imaginer cette autre version qui reste en filigrane dans le texte final. Comment interpréter ce dossier génétique ? Quel est son importance pour notre lecture du roman ? Et comment comprendre la théorie du lecteur qu’esquisse Pouchkine dans les années 1830 ?
—
Andrew Kahn est professeur de littérature russe à l’Université d’Oxford. Parmi de nombreux ouvrages, il a notamment publié Pushkin’s Lyric Intelligence (Oxford University Press, 2008) et dirigé le Cambridge Companion to Pushkin (Cambridge University Press, 2007).