Séminaire :
Séminaire Manuscrits francophones : Littératures du Sud - Le processus de fabrication / 202308/02/2023, ENS, salle Assia Djebar, bâtiment Jaurès, 29 rue d’Ulm 75005. (16h-18h)
Albert Camus trouve la mort le 4 juin 1960. Il est en pleine rédaction de son roman autobiographique, Le Premier Homme, œuvre de longue haleine, entreprise au milieu des années 1950 et dont il dit à des correspondants n’avoir encore rédigé que le tiers. Dans la sacoche qu’il emportait avec lui, on retrouve les 144 pages du manuscrit.
Pourquoi cette œuvre inachevée ne sera-t-elle publiée qu’en 1994 ? Comment Francine Camus, l’épouse de l’écrivain, conseillée par les plus proches amis de l’écrivain, a-t-elle choisi de ne pas la publier dans les années 1960 ? et pourquoi Catherine, sa fille, qui reprend la gestion de l’œuvre après la mort de sa mère en 1979, attend-elle encore ? Dans son édition de 1994, figurent des « Annexes » ; d’où viennent-elles ? À la décennie suivante, les éditions Gallimard publient les Œuvres complètes de Camus, en 4 tomes, selon un ordre chronologique. Le Premier Homme figure dans le tome 4, publié en 2006 ; les « Appendices » y sont beaucoup plus étendus ; d’où proviennent les brouillons ainsi livrés au public ?
Camus n’en était pas à son premier essai ; avant ce manuscrit, il en avait détruit d’autres. Comment se présente-t-il ? quels problèmes a-t-il posés aux éditeurs ? Les nettes différences entre les deux parties sont très intéressantes : la première, déjà très retravaillée ; la seconde, à peine (c’est manifestement un tout premier jet).
La publication du Premier Homme a profondément changé l’image que l’on pouvait avoir de Camus. Comment l’ampleur nouvelle des éléments du dossier de travail a-t-elle apporté des lumières sur le projet de l’auteur ? Comment, aussi, a-t-elle éclairé la manière dont il travaillait, dans un va-et-vient entre ses dossiers et ses Carnets, sorte de « laboratoire de l’œuvre », qu’il tenait depuis sa jeunesse ?
Une certitude : on ne sait pas ce qu’aurait été l’œuvre, si Camus avait pu la mener à bien.