Il n’y a pas plus de romanciers que de sculpteurs dans l’œuvre de Zola, et moins que de peintres : quatre en tout (Sandoz dans L’Œuvre, Jordan dans L’Argent, Santerre dans Fécondité, auxquels il faut ajouter le romancier anonyme de Pot-Bouille). Trois sont des doubles de l’auteur, images idéalisées du romancier naturaliste parvenant à la réussite (l’argent, la famille) par le travail opiniâtre, malgré le doute et les épreuves. Le dernier, Santerre, romancier psychologue et symboliste, est au contraire un simple repoussoir. On les examinera comme il se doit, et on verra ce qu’ils peuvent nous apprendre. Mais il existe dans les dossiers préparatoires de Paris un personnage fantôme encore plus intéressant : c’est le « grand écrivain », présent tout au long de la genèse du roman, avec sa fiche détaillée, sa place dans les deux séries de plans, mais supprimé in extremis, juste avant la rédaction, sans explication. On cherchera à comprendre pourquoi, et à savoir ce que signifie cette disparition, et comment elle nous éclaire sur le statut de la littérature et l’évolution du naturalisme à la fin de l’œuvre de Zola.