Séminaire international Léopold Sédar Senghor

12/06/2024, 15h GMT (17h Paris) Salle de conférence, site Pouchet du CNRS, 61 rue Pouchet, 75017 Paris.

Travail à la bibliothèque, 1954. Photo (recadrée), G. Labitte

Pour obtenir le lien Zoom, contacter les organisateurs, Sébastien Heiniger et Alioune Diaw, à l’adresse suivante : senghor.item.ucad(a)gmail.com

Considérant le devoir de solidarité qu’on a envers son peuple opprimé et, au point de vue singulier de Senghor, ce qu’il y avait de promesse dans l’irréductible puissance émancipatrice de sa première expression de la Négritude, ne faut-il pas acter qu’il a trahi : l’Afrique, par ses positions quant à certaines luttes de libération et quant au projet de l’Unité africaine ; le Sénégal, par la dictature et la complicité avec le néocolonialisme français ; la Négritude, par la pétrification théorique et pratique à partir des années 1950 de la tendance essentialisante de la conception qu’il en avait ? Cela déterminerait la compréhension de son action et de son œuvre, et de leur réception à tout le moins en France ; et pourrait contribuer à la connaissance de ce type de trahison récurrent dans la situation coloniale qu’est la trahison par aliénation. Il faudra, pour en juger, une norme de fidélité. Nous constituerons la nôtre – un concept d’Afrique – à partir de l’explication du devoir de solidarité envers son peuple opprimé et de la puissance émancipatrice de la première expression de la Négritude. Il faudra réciproquement, dans le miroir de Senghor, juger de notre propre fidélité.


Salim Abdelmadjid est maître de conférences en philosophie à l’Université Toulouse Jean Jaurès. Ancien élève de l’École normale supérieure de Paris, agrégé et docteur en philosophie pour une thèse intitulée « Un concept d’Afrique » à l’Université Paris-Sorbonne, il a récemment dirigé les numéros « Europe » et « Europe (II). Le milieu du gué / Europa (II). In mezzo al guado » de la revue Noesis, et publié le chapitre « Éléments en vue de la thématisation de l’effectuation épistémologique de la négativité africaine » dans l’ouvrage collectif Afrika N’ko : la bibliothèque coloniale en débat (M. Diawara, M. Diouf, J.-B. Ouédraogo (dir.), Paris, Présence africaine, 2022).