Créé par Henri Mitterand en 1975, le Centre d’étude sur Zola et le naturalisme mène ses recherches dans le champ littéraire réaliste et naturaliste, entre 1850 et 1914, ouvert sur la vie littéraire fin-de-siècle, l’affaire Dreyfus et le monde des arts. Depuis sa fondation, il conduit une réflexion critique mise au service des œuvres littéraires et se fonde sur une expertise de l’édition scientifique. Par ailleurs, il se montre soucieux d’une valorisation culturelle tournée vers le grand public, prenant appui, aujourd’hui, sur les humanités numériques. Ces cinq dernières années, les travaux du Centre Zola se sont caractérisés par trois types d’activités pérennes.
I- Projets scientifiques et livrables
Deux projets financés, nationaux et internationaux, fondés sur des partenariats ou des conventions, ont été conduits. Ils ont permis la production de « livrables », allant d’ouvrages publiés aux plateformes d’édition d’archives épistolaires et manuscrites, en passant par l’organisation de manifestations scientifiques, colloques, conférences et journées d’étude dont le détail est accessible ici.
Le premier projet, de 2017 à 2020, a été conduit au sein du Labex TransferS. Dans le cadre des « Naturalismes du monde », il a souhaité éditer et valoriser les lettres internationales inédites adressées à Zola. Avec le site « Correz », a été rendu visible ce courrier multilingue des citoyens du monde, dans le contexte d’une vie littéraire internationalisée à la fin du 19e siècle et au moment de l’affaire Dreyfus. Ainsi, 2400 lettres numérisées à ce jour sont en ligne sur la plateforme d’édition numérique EMAN consultable ici.
Le second projet, « Scénarios naturalistes (ScéNa) », 2020-2023, possède un volet génétique et un volet photographique autour des enjeux communs de scénarisation verbale et iconique. Dans un cas, une édition génétique, numérique et annotée, est accessible en ligne, à partir de la plateforme TACT de l’université de Grenoble. Ce livrable vient compléter le « Dictionnaire des autoconsignes » élaboré par Céline Grenaud-Tostain et Philippe Hamon, et permet de radiographier, avec les atouts de la TEI, les vingt ébauches des Rougon-Macquart à la lumière de la génétique scénarique. Dans l’autre cas, le corpus photographique zolien a été revisité selon de nouvelles perspectives sensibles à la sérialité et à la narrativité des images. Depuis le Zola photographe de Massin et François Emile-Zola, publié en 1979, il était en effet nécessaire d’actualiser l’état des connaissances et de renouveler les recherches, 40 ans après l’édition de l’ouvrage. Ces deux projets généraux, dont la direction scientifique a été assurée par Olivier Lumbroso et la coordination par Jean-Sébastien Macke, ont associé plusieurs partenaires : l’ENS-Ulm (Translitterae), la Sorbonne Nouvelle, la République des Savoirs, le Collège de France, l’ITEM-CNRS, la Société littéraire des Amis d’Emile Zola et la Médiathèque de la Photographie et du Patrimoine. Une exposition photographique itinérante intitulée « Zola artiste-photographe » s’est tenue à la Sorbonne Nouvelle en 2022 avant de migrer sur le site Pouchet du CNRS.
II- Diffusion et valorisation
Un séminaire de recherche, fondé sur un programme thématique en lien avec les recherches du Centre et les actualités éditoriales se tient, à raison de six à huit séances annuelles. Animé par Olivier Lumbroso et Alain Pagès, il compte une trentaine de participants réguliers. Diffusé en mode hybride sur le serveur du CNRS, ce séminaire permet aussi aux membres associé.e.s et aux doctorant.e.s internationaux de suivre les conférences, soit en synchronie soit en streaming sur le site de Canal U. Durant les cinq dernières années, le séminaire s’est ouvert aux formes nouvelles des regards critiques, sans cesser de traverser les genres et de croiser les auteurs naturalistes. L’historique des programmes du séminaire est consultable ici.
En lien avec le séminaire Zola, une revue scientifique à comités de lecture, d’édition et de rédaction assure une diffusion internationale de travaux récents et inédits : Les Cahiers naturalistes, publiés par La Société littéraire des Amis d’Emile Zola que préside Joël Rochard. La revue, dont le secrétariat d’édition est assuré par Jean-Sébastien Macke, a été dirigée par Alain Pagès jusqu’en 2020 avant qu’Olivier Lumbroso n’en prenne la responsabilité. En ligne sur « Gallica » et très prochainement sur le portail « Persée », Les Cahiers naturalistes, fondée en 1955, abordent, dans des dossiers et des articles toujours inédits, les grandes questions esthétiques que posent les mouvements réaliste et naturaliste ainsi que l’affaire Dreyfus. Par ailleurs, le Centre Zola alimente régulièrement la réflexion de la revue Genesis de l’ITEM : « l’écriture du cycle », en 2016 ; « le scénario » en 2024 ainsi que la revue italienne de la fondation Verga de l’université de Catane.
Une activité pérenne de diffusion des savoirs en direction du grand public et de la société est assurée, soit par les médias classiques (presse, télévision, radio) soit dans l’esprit de « la science ouverte » et des principes numériques du FAIR (Findable/Accessible/ Interoperable/Reusable). Les travaux de la plateforme EMAN et du Consortium CAHIER ont assuré aussi une évolution significative des pratiques d’édition numérique du Centre Zola depuis ces dernières années.
Par ailleurs, les membres de l’équipe Zola sont fortement impliquées dans la vie institutionnelle et intellectuelle du Musée Zola et du Musée Dreyfus ainsi que dans le soutien au Pèlerinage annuel de Médan dont les allocutions des orateurs sont publiées dans Les Cahiers naturalistes. Ainsi, le colloque sur Les Soirées de Médan de mai 2023, en partenariat avec l’université de Rouen et auquel Jean-Michel Pottier, Alain Pagès, Hortense Delair, entre autres, ont participé, montre les synergies institutionnelles qui se développent et s’étendent.
Dernier aspect de cette volonté de valoriser et diffuser le savoir : les missions d’accueil et d’accompagnement. Ainsi de l’accueil au Centre Zola, sur le site Pouchet, de chercheurs et de stagiaires Erasmus + dans le cadre d’une convention signé avec l’université de Catane, l’accueil de chercheurs et l’accompagnement de jeunes doctorants internationaux sur de courtes durées.
Par ailleurs, les Mélanges offerts à Alain Pagès (2019), le livre d’hommages à Henri Mitterand (2023) évoquent l’histoire intellectuelle du Centre Zola depuis sa création et les liens amicaux qu’entretiennent ses membres au fil des générations de chercheuses et chercheurs.
III- Partenariat nationaux et internationaux
Pour mener à bien ses projets, l’Équipe Zola peut compter aussi sur sa trentaine de membres associés actifs, enseignants-chercheurs, professeurs émérites, doctorant.e.s, tout en développant des relations de partage avec les autres équipes de l’ITEM. L’équipe « Goncourt », rattachée au Centre Zola et dirigée par Éléonore Reverzy, les équipes « Humanités numériques », « Génétique des arts visuels. Photographie et cinéma », « Manuscrits francophones », ou encore « Flaubert » participent aussi aux dynamiques qui ont ouvert le Centre Zola sur la variété du naturalisme, l’image photographique, la richesse des langues et des cultures, les sociabilités littéraires. Depuis sa fondation, le Centre Zola entretient de plus des relations privilégiées avec la Bibliothèque nationale de France (numérisation et publication sur Gallica des manuscrits de Zola) et l’Université Sorbonne Nouvelle. Le Centre de Recherches sur les Poétiques du 19e siècle participe non seulement aux projets scientifiques de l’équipe Zola mais encore aux dossiers que proposent Les Cahiers naturalistes. Enfin, une convention signée en 2018 avec La fondation Verga de l’université de Catane a ouvert des perspectives neuves sur les naturalismes de l’Europe néolatine et les questions de traductions entre langues et langages. Plusieurs échanges entre France et Italie ont déjà eu lieu dans ce cadre.
Intellectuel engagé dans l’affaire Dreyfus, romancier expérimentateur des formes du roman comme du théâtre, théoricien et critique, photographe inspiré, Émile Zola, profite sûrement des projets qui valorisent ses différents visages, interrogent le sens et les limites du concept de « naturalisme », pratiquent fréquemment le retour aux œuvres, à leur genèse et à leur réception, partagent son œuvre humaniste avec le plus grand nombre.
Les prochains projets souhaitent étendre la réflexion génétique aux autres cycles écrits par Zola : Les Trois Villes et Les Quatre Evangiles, donner aussi au recueil des Soirées de Médan et à l’histoire du groupe littéraire qui s’y rattache la place qu’ils méritent dans le paysage des études sur le naturalisme. Enfin, avec la Fondation Verga, les mouvements véristes et naturalistes se voient interrogés à l’échelle des naturalismes européens, à travers les échanges et les transferts culturels que représentent les traductions et les adaptations des œuvres littéraires et photographiques en circulation.